critique &
création culturelle
Dans le Transsibérien,
quelque part entre Irkoutsk et la frontière mongole.

À mi-chemin entre la prose et la poésie, Hannah Walter partage l’émotion née d’une image de l’artiste Aleksandar Avramovic.

À mi-chemin entre la prose et la poésie, Hannah Walter partage l’émotion née d’une image de l’artiste Aleksandar Avramovic.

« Dans le Transsibérien, quelque part entre Irkoutsk et la frontière mongole. »
C’est ici que la vie se trouve. Sur ce lit splendide et improvisé. C’est dans ces baisers que je dis ce que je suis et que je comprends qui tu es. Que je transcende ma condition de mortel et que j’insulte l’éternité parce que l’éternité c’est nous. Et quand je te serre si fort – au point de t’étouffer, je n’ai pas peur du vent glacé de Sibérie. Et si je pleure, c’est pour dire quelque chose, mais sans parler. Cela n’aurait pas pu être quelqu’un d’autre. Déjà les autres n’existent plus et nous sommes toujours un peu plus l’humanité – à chaque rotation, à chaque bouffée de vapeur grise.
Je ne sais pas très bien ce que c’est. Heureux c’est bien trop faible. Puis, le bonheur, c’est pour les minables. C’est davantage une merveilleuse et éblouissante tristesse. Elle fait trembler mon être, remplit violemment mes poumons, et donne au voyage cette curieuse couleur. Un noir de nuit, un noir de vie vécue par des vivants enfin vivants. Un noir de Chine ou d’ailleurs. Peu importe l’encre, pourvu qu’elle nous bouleverse. Et elle nous bouleverse. Elle nous transperce. Fragile, mobile, elle capture la minute sans jamais l’abandonner à la mort.
On dirait que le noir a rallumé la lumière. On dirait que le café noir ne me rend plus amer.

Aleksandar Avramovic est artiste peintre mais aussi graphiste. Il a fait ses études à la Cambre en design graphique et peinture. Vous pouvez le suivre et découvrir son travail sur sa page Facebook : Aleksandar Avramovic.