Pour mon dernier article, Consuming Spirits, film aussi bizarre que touchant, est une conclusion parfaite pour ma série.
Je l’ai vu pour la première fois par hasard. Mon amie m’avait invitée à une projection gratuite, suivie d’une séance de questions-réponses avec le réalisateur. Ni elle ni moi n’avons pensé que le film serait aussi original, et il reste (à mon avis) unique en son genre. Chris Sullivan, le réalisateur et l’animateur, a mis quatorze ans pour faire son film. Il mélange diverses animations – les marionnettes, l’animation image par image, les photos, et les dessins – pour créer une expérience artistique variée et visuellement remarquable.
Comme tous les films de Chris Sullivan, Consuming Spirits se focalise sur la vie ouvrière aux États-Unis, dans un village précédemment industrialisé. Les trois personnages principaux mènent des vies apparemment indépendantes, mais petit à petit les histoires de chacun d’eux se révèlent être interconnectées. Les sujets de ce film sont difficiles (l’alcoolisme, la maladie mentale, et la famille d’accueil) et Sullivan admet que le film est autobiographique.
Il est d’ailleurs troublant ; il y a une fragilité et une instabilité qui sont communiquées par le mouvement constant des styles d’animation. Les esquisses, par exemple, représentent le passé et les marionnettes le présent. Les souvenirs les plus douloureux ont un style impressionniste, comme si on pouvait échapper à la peine avec des dessins moins clairs.
Ce film est une synthèse incroyable de la vie américaine, incapable de remplir ses promesses. Les défis de la vie quotidienne hantent les personnages, et Sullivan communique parfaitement la tristesse et le caractère inévitable du rêve américain.
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