critique &
création culturelle

David Numwami

Vitamines et mélopées

Le samedi 19 juin, sur la scène du Cirque Royal, l'auteur compositeur bruxellois David Numwami donnait le coup d'envoi d'un été 2021 placé sous le signe de la culture lors d'un concert organisé dans le cadre de la nouvelle édition de la Fête de la Musique. Un showcase distancié à la saveur toute particulière.

21 heures tapantes. Le public entre au compte-gouttes sur le parterre de la salle emblématique bruxelloise du Cirque Royal. Les consignes sont claires : distanciation physique et port du masque sont strictement obligatoires durant toute la durée du concert.

Sur la scène, une guitare blanche, décorée à la bombe d'un généreux et cartoonesque « I love everybody », annonce la couleur : les mélodies seront joyeuses, pops et colorées comme son identité visuelle.

C'est avec un bob blanc vissé sur la tête que le jeune musicien s'installe au piano, pour une ouverture piano/voix presque jazzy avec « Stéréo ». David Numwami, David Nzeyimana de son vrai nom, semble seul au monde. Un moment suspendu, lunaire qui emporte le public avant même que les beats fredonnées par le chanteur et producteur bruxellois n’éclatent comme dans son single éponyme.

Rejoint aux claviers et au vocoder par Clément Marion, son comparse du groupe Le Colisée, Numwami murmure ses chagrins amoureux, les difficultés de la vie d'artiste et son besoin vital de musique au fil des chansons de son premier EP, Numwami World . « Thema », « Le Fisc de l'Amour », « Milky Way », « Bruxelles-Sud » nombreuses sont celles qui ont été composées dans sa chambre d'hôtel lors de la tournée internationale de Charlotte Gainsbourg, que le musicien de 26 ans a accompagnée sur scène pendant de longs mois.

Les riffs de guitare électrique, les arpèges électro-acoustiques et le piano aux inspirations R’n'B trouvent un bel équilibre avec le vocoder, caractéristique de la musique électronique de Daft Punk et aujourd'hui réapproprié par la variété française émergente (Tim Dup, Pomme, Flavien Berger).

L'univers de David Numwami semble à la croisée des chemins entre les survitaminés Polo & Pan, le mélancolique Isaac Delusion et le mystique Sébastien Tellier, que le chanteur belge a d'ailleurs accompagné.

Difficile de ne pas comparer les hymnes rassurants et feel good de Numwami aux tubes apaisants et entêtants de Laurent Voulzy, dont le jeune bruxellois, arrivé au bout de son répertoire, reprendra « Belle-Ile-en-Mer » à la demande du public, avant de clôturer le spectacle sur « Les Mots bleus » de Christophe.

L'artiste évolue sur scène avec une grande décontraction, il s'assied à même le sol, tchatche avec son claviériste. Son flegme nonchalant serait presque agaçant si Numwami n'était pas aussi talentueux. Le public du soir, obligatoirement assis et relativement réservé, a discrètement tapé du pied, ne résistant pas à l'appel des basses, rythmant les sonorités électroniques planantes et délicieusement acidulées des chansons de l'artiste. Une dimension thérapeutique que David Numwami, dont une partie de sa famille a été décimée lors du génocide rwandais, a exploré tout au long de son apprentissage musical. En résulte un bonbon musical, aussi réconfortant qu'un chamallow, salué par une standing ovation à la hauteur de ces retrouvailles.

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