De l’art d’enfiler des shorts
Festival dans le festival, le Kino Kabaret International de Bruxelles s’est invité le temps de trois soirées au Brussels Short Film Festival. Gros plan et arrêt sur image sur des courts qui en disent long.
Apparu en 1999 à Montréal, le mouvement Kino convie cinéastes, réalisateurs, vidéastes désireux de créer des courts métrages de façon totalement libre et indépendante. Tirant sa force d’ un vaste réseau international – plus de soixante cellules, de Ouagadougou à Bratislava –, le mouvement encourage échanges (les participants s’engagent à aider, conseiller et participer à d’autres projets que les leurs), saine émulation, spontanéité, do it yourself , création et artisanat . Cette véritable communauté kinoïte propose ainsi, gratuitement, une fois par an, des projections de ses créations – le fameux Kino Kabaret.
Durant de très courtes sessions, le KinoLab, véritable fourmilière où s’épuisent allègrement réal’, ingé son, monteurs, techniciens, scripts et autres machinistes, fait office de carrefour de rencontres tant humaines que cinématographiques.
Parce qu’il faut tout de même quelques règles dans ce joyeux bordel organisé, le mouvement repose sur une triple contrainte technique : le temps de fabrication du court (vingt-quatre, quarante-huit ou soixante-douze heures), sa durée (généralement cinq, sept ou dix minutes) et une thématique imposée . Pour ces soirées des 26 avril, 29 avril et 2 mai, c’est l’exercice de style qui était à l’honneur. Karoo y était et vous raconte…
Espace Lumen, près de Flagey, samedi 2 mai, 21 heures : le microcosme court-métragiste, épuisé – dix heures de sommeil, c’est sympa ; réparties en trois nuits, ça l’est moins – mais heureux, s’apprête à lancer ce qui sera la dernière projection publique du Kino bruxellois.
Proche de l’ambiance potache du BIFFF, la session verra défiler pas moins de treize courts métrages entrecoupés de deux séries de dix mini-courts de trente secondes chacun.
Forcément inégale, la séance présente à une salle sold out conquise quelques diamants bruts. Mettons particulièrement en exergue The Delivery et son désir de respecter à la lettre le thème imposé, Un jour à la fois et sa chute hilarante, Mary, suce, tire pour sa délicieuse irrévérence ou encore les Branleurs , satire à peine caricaturale du monde de la pub.
Développant une non-compétitivité rafraîchissante (à l’heure où le septième art distribue Oscars, Palmes et autres Ours à qui mieux mieux), le Kino Kabaret, par son format, son concept et sa convivialité, fait incontestablement un bien fou à un domaine culturel peut-être par trop apprêté ces derniers temps . Et ça, c’est pas du cinéma…