De l’inédit à Namur
La galerie Rive gauche propose six photographies de la série Silence/Shapes de l’artiste international Filippo Minelli. C’est la première fois qu’une exposition lui est consacrée en Belgique et c’est à Namur qu’il fait honneur.
Pour contrer la morosité ambiante, Dominique de la galerie Rive gauche à Namur avait envie d’une exposition apaisante. Elle pense alors aux photographies Silence/Shapes de Filippo Minelli, un de ses artistes coup de cœur. Des fumigènes colorés qui habitent des lieux insolites pour nous suspendre dans le silence, pour nous faire oublier la lourdeur du climat politique et économique actuels. Bien vu, c’est pile ce dont on a besoin.
Sans trop y croire, Dominique le contacte pour lui proposer une collaboration. À sa grande surprise, il accepte de faire le crochet par Namur entre ses projets à Cologne, Miami et Londres. Dominique repeint sa galerie pour accueillir comme il se doit les photographies de Filippo Minelli. Car c’est un événement !
Pour sa première exposition en Belgique, c’est à Namur que ça se passe et les galeries de la capitale ont de quoi être jalouses. Filippo Minelli, né à Brescia en Italie en 1983, formé à l’accademia di Belle Arti de Milan, est un artiste de réputation internationale au CV impressionnant : plusieurs participations à la Biennale de Venise, aux festivals internationaux de la photographie de Rome et de Singapour et, depuis 2007, il s’est vu consacrer une quinzaine d’expositions en solo à travers l’Europe. Six photographies grand format de sa série Silence/Shapes pendent désormais aux cimaises de la galerie Rive gauche à Namur.
En 2009, l’artiste italien commence sa série de photographies Silence/Shapes . Minelli sort des fumigènes de diverses couleurs de leur contexte et les intègre à des lieux inhabituels, comme un champ enneigé, une forêt, un étang ou encore des bâtiments abandonnés. Une atmosphère qui fait écho à l’esthétique du Romantisme.
Le but poursuivi par Filippo Minelli est de donner forme au silence dans un équilibre permanent entre transparence et opacité :
C’est quelque chose qui se manifeste, quelque chose que vous ne pouvez pas expliquer. Silence et lumière sont toujours là, en particulier dans les milieux naturels ou abandonnés que je recherche. Si vous les visitez par vous-même, vous réalisez qu’il y a quelque chose qui contient le paysage et cette chose est le silence.
Au-delà de la recherche esthétique, l’utilisation du fumigène témoigne de l’intérêt de l’artiste pour les problèmes sociopolitiques : employé dans les manifestations, il est généralement associé à une image de foule, et même de violence. Libre à nous d’y voir une signification politique ou tout simplement de contempler la beauté générée par le contraste entre le fumigène coloré et son environnement insolite.
On ressort de la galerie Rive gauche interpellé mais surtout serein. Et l’on prend conscience qu’on vient de passer un moment d’extase visuelle face à un artiste d’envergure. Une chance à saisir jusqu’au 14 décembre, Namurois ou pas.