Le 1er décembre, je me suis rendue au Théâtre de l’Opprimé à Paris pour la dernière représentation de De nos frères blessés, un spectacle engagé qui m’a ouverte aux secrets de la guerre d’Algérie. Aujourd’hui je vous raconte.
Dans la salle aux allures clandestines, pierre apparente et gradins de fortune, Thomas Resendes du collectif Satori nous dit ces mots :
L’histoire qui nous est contée lors de cette représentation est celle de Fernand Iveton, un martyr. Français d’Algérie, révolutionnaire dans l’âme, cet ouvrier se fait arrêter après avoir déposé une bombe dans son usine. Un attentat meurtrier ? Non, mais une tentative de sabotage symbolique qui lui vaut malgré tout de subir tortures mentales et physiques, puis de se faire exécuter.
Dès le début nous connaissons la fin, ce sont les acteurs qui nous la déclinent : nous sommes ici pour en savoir plus .
Malgré la mise en scène frugale, les quatre voix des comédiens empruntent à Joseph Andras ‒ auteur du livre De nos frères blessés ‒ ses descriptions poignantes, ses images percutantes et ses dialogues pour les déclamer. Sans peine, j’ai vu se déployer sous mes yeux des décors flottants, théâtres de scènes haletantes, bien loin du pathos auquel je m’attendais à mon entrée dans la salle.
Fidèlement aux traditions du Théâtre de l’Opprimé, l’absence de frontière entre scène et public a permis une certaine forme de dialogue et d’implication du public. Cette méthode de théâtre citoyen date des années 1970, et se base sur des interrogations autour des conflits socio-culturels, sous la forme de pièces-débats. C’est un concept que je n’avais jamais rencontré auparavant, mais qui m’a plu. Je suis généralement portée sur les oeuvres de fiction, et De nos frères blessés a su mêler littérature et faits historiques, sans fioritures.
Un coup de coeur, donc, mais bien dommage que la tournée soit déjà achevée ! À notre tour alors, spectateurs de la dernière, de raconter au monde l’histoire tragique de Fernand Iveton.