De l’ombre à la lumière, de la terre au ciel… Dans Éclipse , Shed Mojahid nous livre son regard nuancé sur le corps. L’artiste à la fois danseur et photographe mêle les deux disciplines pour offrir une série de treize photographies visibles jusqu’au 22 octobre à l’espace Magh à Bruxelles.
Shed Mojahid, né à Bruxelles, danse depuis ses 13 ans. L’artiste se passionne de breakdance, un style de danse de rue Afro-Américaine des années 1970. En 2004, Il intègre le groupe des Hoochen Crew avec lequel il connaît une carrière internationale. Par la suite, il s’ouvre à la photographie en intégrant l’INRACI à Bruxelles et c’est à ce moment que les photographies de corps de danseurs affluent .
Éclipse semble modeler la progression d’une danse évolutive. Des corps de danseurs et danseuses sont photographiés avec force et grâce. Une solide puissance physique émane des modèles qui semblent s’élever grâce à l’énergie vitale circulant des sols aux corps. L’emplacement des photographies rythment minutieusement l'exposition. Progressivement, les acrobates s’éloignent du sol jusqu’à rencontrer le ciel, s’exprimant dans la douceur du vide, épousant les nuances de gris. Éclipse me vient à l’esprit comme une forme d'élévation spirituelle : de la lourdeur à la légèreté.
Réalisées au format carré, les images semblent avoir été conçues méticuleusement. Les lumières utilisées et dirigées sur les corps apportent une grande richesse symbolique. Un intérêt considérable semble avoir été accordé tant aux ombres qu’aux lumières. En effet, les techniques utilisées amènent de nombreuses textures : reliefs d’ossature, muscles contractés, tissus plissés et peaux reluisantes. Les artistes en plein effort offrent un spectacle de la beauté des capacités humaines.
Éclipse articule des forces contraires pourtant complémentaires et connectées : de l’ombre à la lumière, de la terre au ciel, de la lourdeur à la légèreté, du vide au plein, de la force à la douceur. L’union des opposés apporte d'innombrables nuances et de limites visibles. D’ailleurs, le titre Éclipse semble y faire référence, racontant la rencontre de ces parties.
En progressant dans les couloirs de l’espace Magh, trois images en couleurs placées en hauteur apparaissent. En tant que spectateur, cela nous donne une position d'inaccessibilité. Sur ces photographies se trouvent une multitude de corps entremêlés, interconnectés, formant cœur-cerveau-poumons. Des branches d’arbres les rassemblent. Cette triade est une sorte de renaissance à l’intelligence et à la conscience collective faisant appel à la force de la terre, de l’union et de l’humanité à laquelle nous contribuons tous.
La douce sensation de ne voir qu’un corps en mouvement m'apparaît. Le travail de Shed Mojahid nous invite à de nombreuses interprétations… si l’on se laisse bercer par le rythme et le langage des images.