critique &
création culturelle

Gutti au Botanique

L'artiste bruxellois remporte son combat

© Alexis Vassivière

Le 22 février, le rappeur Gutti a donné un concert au Botanique : un show sold out, symbolique et marquant un tournant dans la carrière de l’artiste bruxellois. Entre hommages, célébration et projection pour le futur, retour sur une soirée intense au rythme déchaîné.

Au Botanique, la salle du Witloof affiche complet. L’excitation est palpable, suspendue dans l’air comme une tension électrique. Le public trépigne, conscient d’assister à un moment attendu depuis très longtemps ; c’est le tout premier concert officiel de Gutti. Soudain, les lumières s’éteignent. Seuls quelques faisceaux lumineux balayent la scène, installant une atmosphère grave et presque hors du temps.

Dans ce silence chargé d’attente, le musicien Gaspard Mathelin fait son entrée. Aucun mot, aucune annonce. Juste le souffle métallique d’une trompette qui s’élève, brutale et envoûtante, capturant instantanément l’attention. L’introduction est percutante, impressionnante. Une déclaration d’intention qui donne le ton.

© Alexis Vassivière

Puis, il apparaît. Gutti surgit sur scène, vêtu d’un uniforme militaire, un drapeau de la République Démocratique du Congo fermement serré dans sa main. Il s’immobilise. Une minute de silence s’impose, hommage solennel aux victimes du pays. Le public retient son souffle.

Et puis, le combat commence.

Dans une ambiance électrique, l’artiste a livré une prestation qui résonnait comme un véritable victory lap – une célébration de son ascension fulgurante et de son ancrage sur la scène bruxelloise. Son univers est un mélange de rap brut et énergique, de trap sombre et immersive, avec des influences plus expérimentales. Membre incontournable du Ceelo Squad, il a enchaîné ses morceaux emblématiques, transformant chaque titre en instant de communion avec son public. Comme pour marquer cette soirée et la rendre encore plus mémorable, il a convié sur scène des figures majeures du rap bruxellois : Jones Cruipy, Frenetik, ou encore Geeeko. Une démonstration de force et de fraternité musicale, témoignant de son influence grandissante, mais surtout de la reconnaissance de ses pairs.

© Alexis Vassivière

Parmi les invités de la soirée, une présence a particulièrement marqué les esprits : celle de sa mère. Plus qu’un simple hommage, sa participation a ajouté une dimension intime au concert. Déjà mise à l’honneur dans « "LA MAMA" INTERLUDE », où elle confie que son fils a toujours été destiné à la musique, sa montée sur scène a résonné comme l’aboutissement d’un parcours débuté dès la plus tendre enfance. Un moment fort, chargé d’émotions, qui a symboliquement bouclé la boucle et renforcé le lien profond entre l’artiste et son histoire personnelle.

Avec une scénographie soignée mais parfois désordonnée – peut-être sous l'effet de l’émotion –, le concert s’est déroulé à un rythme effréné. Les morceaux se sont enchaînés sans répit, portés par une avalanche d’invités venus épauler l’artiste sur scène. Si cette générosité artistique témoigne de son envie d’en offrir un maximum à son public, le résultat s’est parfois révélé dense, presque trop compact. Une prestation frénétique, qui aurait peut-être gagné à respirer davantage.

© Alexis Vassivière

Alternant habilement entre des sonorités trap percutantes aux basses lourdes comme « Diego Armando », des morceaux plus introspectifs comme « MON COMBAT » et des explorations plus audacieuses comme « MAUVAIS BOUYON », Gutti a offert à son public un véritable voyage musical. Sa performance, énergique et puissante, a su captiver, confirmant ainsi son aisance scénique et son sens de l’innovation. Une performance très intéressante qui, sans aucun doute, inscrit l’artiste bruxellois parmi les talents à suivre de près, annonçant un avenir des plus prometteurs.

GUTTI - Johnny Deff & Dioko
Botanique
Vu le 22 février 2025

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