Hallo

Dans Hallo , son premier seul en scène, Martin Zimmermann fait montre une fois de plus de son sens du mouvement mais peine à se renouveler.
Après l’excellentissime
Hans was Heiri, Martin Zimmermann revient sur les planches avec un premier spectacle solo,
Hallo. Ce véritable artiste du mouvement, génie de la scénographie et clown pince-sans-rire « tente de dompter ses fantasmes les plus tenaces » dans ce spectacle qui déçoit par son manque de puissance, de dynamique et de véritable originalité thématique par rapport à son spectacle précédent.
Un corps et un décor, qui fonctionnent ensemble, qui n’existent que dans leur complémentarité ou leur rivalité, dans leur entrechoquement ou leur interpénétration, telle est la démarche esthétique propre à Martin Zimmermann, et Hallo ne déroge pas à la règle. C’est par cette scénographie qui met en présence, dans l’espace théâtral, décor, corps et objets que naît le propos de la pièce. Un gigantesque cadre représentant une vitrine de magasin – et évoquant ainsi le monde de la consommation ou des thèmes comme l’apparence ou le désir de reconnaissance – permet de jouer sur des motifs tels que le reflet, la réalité de celui-ci, la vérité, l’identité.

La mécanique est lancée et brillante, mais manque sensiblement de nouveauté comparativement à Hans was Heiri , spectacle beaucoup plus puissant, notamment par le nombre d’acrobates qui rendait le propos et son emballage beaucoup plus dynamiques. En effet, Hallo met beaucoup trop de temps à démarrer, laissant au public le temps de regarder sa montre dès le premier quart d’heure. Cette longue prise d’élan pétrie de clowneries laisse quand même la place à un moment de pur bonheur visuel et musical. Dans une lumière crépusculaire et une ambiance surréaliste, le protagoniste lutte contre la machine-décor, formant avec elle des tableaux vivants aux allures géométriques de Mondrian, apocalyptiques, métaphysique et mélancoliques de De Chirico (grâce notamment à un mannequin tronqué, sans bras ni visage), surréalistes de Magritte et énigmatiques de Dali. Un pur moment d’inquiétude jubilatoire, accentué par le dédoublement de l’acteur en mannequin sans tête mais portant un chapeau melon.

Martin Zimmermann est excellent, certes, mais il est moins bon clown et interprète que chorégraphe, concepteur et metteur en scène de spectacles choraux. Trop sérieux, son seul en scène prend dès lors de légères tendances mégalomanes qui lui sont dommageables. Et si cela rend son propos plus intimiste, par là même il le déforce et en perd le caractère universel de Hans was Heiri qui, à travers sa galerie de personnages, forgeait une vision de la nature humaine plus complexe avec un ton bien plus décomplexé et ludique. Quand on sait ce dont Zimmermann a été capable précédemment, on est forcément déçu.