Après les Jardins de Kensington , Rodrigo Fresán revient avec la Part inventée . Entre le réel et le fictif, un mot inventé par l’auteur lui-même résume absurdement bien son œuvre : « Biothèque », qu’il définit par : « Une vie n’est faite que de livres ».
À l’heure où certains ne laissent que cent quarante mots pour s’exprimer, Fresán écrit pour les vrais lecteurs. L’ouvrage est le portrait de l’écrivain, on se retrouve face à de passionnantes réflexions littéraires.
Mélange d’anecdotes littéraires et musicales, de souvenirs fictifs et de diatribes sur l’évolution des technologies de notre monde contemporain, Fresán prolonge notre observation sur la société moderne. « On ne peut pas se faire électrocuter avec un livre papier » mais malheureusement, on peut se couper avec. Tout dépend de l’usage qu’on en fait. Il semble parfois très arrêté sur le sujet et les méthodes électroniques ne font en tout cas pas l’unanimité en ce qui le concerne.
En tant qu’écrivain, il défend tant bien que mal la littérature sur papier. Il vit malgré lui dans cette époque.
Moult personnages font leur apparition, mais le héros de l’histoire est bel et bien Rodrigo, l’auteur de ces pages bien réelles. Il nous fait part de ses peurs, de ses doutes, de ce qu’il est et a toujours été.
Lors de la lecture, on imagine l’auteur lui-même dans les situations. Situations occasionnellement loufoques, certes, mais qui apportent à notre réflexion une dimension nouvelle. L’histoire n’est pas continue et nous emmène dans des spéculations sur un thème puis sur un autre.
On retient essentiellement de cette dernière œuvre le « C’était mieux avant », avant que les réseaux sociaux prennent en main la vie sociale, avant qu’on puisse mourir de connaissances par électrocution… Mais qu’en est-il pour la génération qui ne connaîtra pas ces moments antérieurs ? Comment les encourager à chérir cette époque ? Tout n’est pas si mauvais. Ce n’est pas l’objet le souci premier, mais l’utilisation que certains peuvent en faire.