Antonin Baudry nous revient six ans après Quai d’Orsay . Il change fameusement de registre en proposant Le Chant du loup , un film de sous-marin français qui est un filon peu exploité. « Il y a trois sortes d’hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer », c’est avec cette citation d’Aristote que le film débute.
La réaction de certaines personnes peut être assez sceptique quand on leur dit ces quelques mots « film français de sous-marin ». Si c’était américain, cela leur parlerait sûrement plus. Des images spectaculaires, des explosions, un scénario faible, voilà ce que l’on pourrait imaginer mais Le Chant du loup nous propose plus que ça !
Laissez-vous embarquer dans un sous-marin nucléaire français. Un jeune homme que l’on surnomme « L’Oreille d’Or » est capable de reconnaître chaque son qu’il entend et de déterminer de quoi il s’agit. Cependant, il n’est pas parfait et commet une erreur qui met en danger son équipage. Les événements s’enchaînent ensuite de façon inattendue et frénétique.
François Civil semble être partout en ce moment (trois long-métrages dont il est tête d’affiche sortent en ce début/milieu d’année – Le Chant du loup , Celle que vous croyez , Mon Inconnue ). Dans le rôle de « L’Oreille d’Or », il excelle. Il se montre appliqué et impliqué à nous faire croire à ce personnage. Le spectateur s’attache assez rapidement à lui. Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz ne lui volent pas la vedette mais évoluent autour de lui. L’amitié entre ces hommes qui forme un équipage nous semble naturelle, tellement elle est jouée simplement et sans superficialité. Il y a également quelques pointes d’humour qui rendent les personnages sympathiques et plus humains car la vraie vie n’est pas qu’un enchaînement de moments dramatiques.
Pour ne pas révéler l’intrigue, le synopsis du film peut sembler un peu faible : mais le scénario ne l’est pas du tout ! L’histoire est plausible et réaliste, cela n’en fait jamais trop. Quant à la fin, elle est grave et triste mais pas exagérée : tous les personnages ne peuvent pas être sauvés miraculeusement… Reste le langage spécifique aux sous-mariniers, et le spectateur qui n’a aucune notion n’en comprendra sûrement pas toutes les subtilités, mais cela ne gâche en rien le plaisir du film. Cela empêche également d’avoir un personnage inutile et prétexte à qui il faudrait tout expliquer.
Le réalisateur, Antonin Baudry, et toute son équipe se sont beaucoup concentrés sur le son. Au cinéma, l’image est essentielle mais le son est d’une importance capitale dans ce long-métrage. Tout repose sur lui, toutes les informations nécessaires au maintien de la vie de l’équipage reposent sur le moindre bruit. La bande sonore a été très travaillée et le spectateur peut le ressentir. Dans les quelques scènes où les personnages ne sont pas dans le sous-marin, leurs esprits y restent malgré tout. Les sons de la mer les accompagnent et la bande son nous le montre bien. Cela ne fait qu’amplifier la tension qui est déjà présente rien qu’avec l’image.
Le Chant du loup fait très plaisir à voir dans le paysage cinématographique français. C’est très efficace et Antonin a eu raison d’oser !