Les évasions douces-amères de Manon Yerlès
Vous avez pu découvrir quelques-unes de ses œuvres dans la galerie Karoo cette semaine : nous partons ce vendredi à la rencontre de Manon Yerlès.
Retrouvez les œuvres de Manon Yerlès dans la galerie Karoo de cette semaine.
En quelques mots, quel est ton parcours artistique ?
Après des études en illustration et narration à l’ERG (École de Recherche Graphique, Bruxelles), je me suis installée à La Rochelle où je partage mon temps entre ma création artistique et les cours d’arts plastiques que je donne dans une école primaire.
Comment définis-tu ton travail ?
C’est toujours compliqué de mettre des mots sur son travail. Je puise mon inspiration dans le quotidien, des frustrations et de ces petits riens qui nous construisent, nous tourmentent ou nous élèvent. Je suis très attirée par le symbolisme et le monde onirique, mon crayon m’y entraîne de façon naturelle. Par le biais de mes traits d’encre et de pastels, j’essaie de m’évader du réel et des carcans en m’inspirant des motifs végétaux et aquatiques.
L’inconfort de vivre avec ses démons, la menace constante de ses angoisses et de ses peurs – ces désagréments sont pourtant le déclencheur de ma rencontre avec un crayon. Il n’y a, pour moi, pas de création sans malaise. Sans crainte de voir ses plus intimes pensées (parfois jusque-là encore inconnues), prendre vie sur une feuille. De l’inconfort naissent souvent mes plus grandes impulsions créatrices « douces-amères ».
Quels sont tes projets artistiques ?
J’aime travailler sur plusieurs séries de dessins. Chacune d’entre-elles a sa propre narration mais n’est jamais figée ou finie. Mes séries évoluent avec moi dans le temps et l’espace. Ainsi
Ophélia
, la série
Jaune
, ou la série de
L’encyclopédie
sont en perpétuel changement, voire en mutation : elles « voyagent » dans ma tête et sont au bout de mes doigts comme des présences familières.
Pourquoi travailles-tu sur l’idée de séries ?
Dessiner et peindre, c’est un travail très solitaire. Souvent seule dans mon atelier, il faut savoir inventer des astuces pour trouver l’inspiration : ne pas s’épuiser ou s’ennuyer, pour se renouveler chaque jour. J’ai toujours aimé les contraintes. Dans ma création, elles me permettent de me donner une ligne directrice, un cadre. Mais elles sont là aussi pour être détournées, transcendées. C’est très motivant de travailler au challenge.
Est-ce qu’un dessin en appelle un autre ?
Parfois oui, parfois non. Je travaille souvent sur plusieurs séries en même temps. C’est une manière pour ne pas tomber dans la routine et d’éviter les blocages. Il arrive qu’après un dessin je prenne beaucoup de temps à trouver sa suite, son épisode suivant.
Puis j’ai une formation en illustration. C’est sans doute de là que me vient mon attachement à la narration « inter-tableaux ». J’aime que les dessins d’une série communiquent entre eux et racontent leur « histoire silencieuse ».
Quand sais-tu que tu peux passer à une autre série ?
Pour le moment aucune n’est finie. J’aime l’idée que rien ne soit jamais figé. Mes séries évoluent avec moi dans le temps, leurs histoires aussi.
As-tu des expositions en vue ?
Oui. Les 26 et 27 juin, j’ai la chance d’exposer au loft 202 à Bruxelles avec
Les amis d’ma mère
, une association qui a pour but (entre autres) de promouvoir de jeunes artistes belges et de les accompagner. J’expose aussi en ce moment à L’orangerie des
Nouvelles métamorphoses
en France jusque fin juillet. Pour la rentrée 2015, quelques projets sont en cours, mais encore secrets, on dit que ça porte malheur d’en parler trop tôt !
À Bruxelles, on peut voir les œuvres de Manon Yerlès exposées au Loft 202, Chaussée de Boondael, 202 à Ixelles ce 26 et 27 juin.
Servaido, Martin Viot, Manon Yerlès, Milan Jespers et Gil Sterno : cinq jeunes artistes de talent exposeront leurs œuvres (BD, illustrations, peinture, sculpture…) sur le thème de « L’inconfort » .
Cette expo-événement lancera officiellement « Les Amis d’ma Mère » , une équipe qui se lance dans la promotion, le soutien et l’information aux jeunes artistes dans le domaine des arts graphiques. Pour soutenir cette initiative, des artistes confirmés ont été sollicités pour offrir aux enchères, soit une œuvre de jeunesse, soit un souvenir personnel ou un objet qui évoque la période où ils n’étaient pas encore connus. Parmi eux, Pierre Kroll, Johan de Moor, Frédéric DuBus, Christian Carez, Fred Jannin, Juan d’Oultremont, Josse Goffin, Philippe Geluck,…
Vernissage et vente aux enchères dès 18h le vendredi 26. Expo, animations et petite restauration le samedi de 10h à 22h.
Toutes les infos sur http://www.lesamisdmamere.be