Nicholas Nixon
Depuis le 20 janvier et jusqu’au 31 mars, la Fondation A accueille une rétrospective de l’œuvre de Nicholas Nixon, auteur de la célébrissime série de photographies The Brown Sisters . Voilà cinquante ans que le photographe américain capture en noir et blanc les peaux qui s’effleurent, les regards qui se caressent, les rires amoureux et les joues creusées par la maladie.
Ayant commencé par immortaliser les paysages citadins et hétéroclites de Boston depuis les gratte-ciels, Nicholas Nixon fera partie en 1975 de l’exposition historique New Topographics : Photographs of a Man-altered Landscape . Aux côtés de Bernd et Hilla Bescher, Stephen Shore ou encore Robert Adams pour n’en citer que quelques-uns, il y faisait un état des lieux du paysage marqué par la présence humaine.
En effet, le photographe pratique presque exclusivement la photographie à la chambre technique 20×25, un appareil photo argentique avec des négatifs grand format de 20x25cm. La chambre technique (ou chambre photographique) est l’appareil le plus adapté à la photographie d’architecture car elle autorise la correction des déformations de perspective. L’utilisation de la chambre permet également au photographe de faire la mise au point (= choisir la zone de netteté de l’image) au plus proche de la lentille de l’objectif.
Nicholas Nixon affectionne la proximité avec ses sujets. Attiré par les formes, les textures et le grain de la peau, l’intimité et la douceur sont au cœur de son œuvre.
L’exposition rassemble des contacts (les images n’ont pas été agrandies au tirage et ont donc la taille exacte des négatifs) de plusieurs séries emblématiques de la carrière du photographe. On retrouve ainsi images et autoportraits tendres pris dans la sphère familiale, photographies du combat de malades du SIDA, clichés de la vie animée des porches de maison dans le sud des USA ainsi que l’iconique série The Brown Sisters .
The Brown Sisters commence en 1975, quand Nixon réalise un portrait de sa femme, Bebe Brown et de ses trois sœurs. Il en fera de même chaque année qui suivra. Comme les autoportraits de Roman Opalka ou Almerisa de Rineke Dijkstra , ce corpus de photographies de moments suspendus est une allégorie de la fuite inexorable du temps. Les regards sont tantôt doux, tantôt perçants, les visages juvéniles et burinés. L’intégralité de la série, toujours en cours, y est présentée sur un seul et même mur, fait rare qui pousse le visiteur, témoin d’une chronologie étourdissante, à s’y attarder.
Le photographe réussit à capturer dans ses filets des instants à fleur de peau et sans artifice, où surgit le lien indescriptible et universel qui unit l’espèce humaine. L’exposition de la Fondation A évite le grandiloquent et régale d’images qui ont marqué l’histoire de la photographie contemporaine et que l’on ne se lasse pas de redécouvrir.