No future !
Quand deux courants musicaux se rencontrent, tantôt le croisement est temporaire et meurt, tantôt il dure et vit. À la croisée de l’électro et du flamenco, rencontre avec Fuel Fandango.
Sorti au printemps 2016, le troisième album du groupe espagnol Fuel Fandango est une petite pépite de flamenco-fusion . Le groupe est originaire de Séville en Andalousie, une des capitales du flamenco fameuse pour ses sevillanas (danse flamenco) et ses robes à pois. Il n’est donc pas surprenant de sentir l’âme flamenca de cette ville dans le style du groupe qui, après deux albums (et un autre de remix) un peu hésitants sur la forme, a maintenant réussi à sortir un album équilibré, mélodique et très esthétique : Aurora .
L’aventure commence en 2010 pour Cristina Manjón (Nita) et Ale Acosta – accompagnés de Carlos Sosa à la batterie – avec un premier album éponyme en 2010. Le groupe explore des terrains de fusion du flamenco plutôt vers la pop contemporaine entièrement chantée en anglais. Leur musique prend très vite des tons un peu rock, un peu funky, un peu brit-rock. Mais leurs albums laissent un goût d’incomplet ; ils n’arrivent pas encore à exploiter une identité propre. Pourtant, les éléments qui font le succès d’ Aurora sont déjà présents, comme la voix de Nita avec ses accents flamenco, le goût pour des refrains réellement catchy , très pop, et une esthétique prononcée pour les pochettes.
En 2013, ils sortent Trece Lunas qui se verra accorder un petit succès avec le titre New Life . Un album sur lequel il y a quelques choses à dire. D’abord, un changement dans leur esthétique qui prend un tournant plus « années folles », tant dans leur logo que sur la pochette de cet album. Un film regroupant backstage et clips sort parallèlement pour immortaliser cette époque. Il constitue une bonne référence pour voir à quel point le travail visuel et musical de Fuel Fandango a évolué entre 2013 et 2016. En effet, musicalement et graphiquement, le groupe a gagné en maturité et en profondeur. Chaque détail est calculé et ça se ressent dans Aurora .
Fuel Fandango a gentiment accepté de répondre à nos questions sur leur musique et leur travail graphique.
Votre musique est un mélange de rock et folk ainsi qu’une une fusion avec le flamenco. Quelles sont vos inspirations ?
Nous nous inspirons beaucoup de la nature, de la musique électronique. Chaque chanson naît d’un stimulus différent, c’est pourquoi ce que nous faisons est si variés.
Dans Aurora , vous chantez avec Estrella Morente, dont le père fut une figure majeure du flamenco moderne, notamment son album Omega qui fête cette année ses vingt ans. Quelle relation avez-vous avec ce disque et avec son esprit ?
C’est un disque qui a brisé de nombreuses barrières et qui a porté le flamenco sur d’autres terrains ! Nous sommes beaucoup redevables à la famille Morente et, malgré les distances, nous partageons ces envies de fusionner le flamenco avec d’autres musiques. Dans notre cas, c’est avec la musique électronique.
Pour vos deux derniers albums, votre identité graphique a changé. Les pochettes, la typographie… Pourriez-vous parler de ce travail ? Quels furent vos choix et pourquoi ce changement ?
Nous avons commencé à travailler pour les pochettes avec Neil Krug1 , un artiste de Los Angeles qui a travaillé avec de grands artiste et dont nous appréciions la vision qu’il avait de notre musique. Nous avons alors gardé notre esthétique avec des accents flamenco mais nous voulions aller plus loin et montrer la vision de quelqu’un d’extérieur à notre musique.
De manière générale, Fuel Fandango a une relation très forte avec l’esthétique visuelle. Le clip de Salvaje , les concerts, même vos photos sur Instagram sont très belles…
Pour nous, c’est presque tout aussi important que la musique : ça fait partie du discours ! Comme nous voulons toucher celui qui nous écoute, nous voulons l’émouvoir avec l’aspect visuel du groupe, pas seulement avec les vidéos et les photos, mais aussi en concert où la mise en scène est très importante.
https://www.youtube.com/watch?v=Y_GfOJsR3hg