Paris, Texas
Paris, Texas, réalisé par Wim Wenders, est une synthèse parfaite de la tristesse et de la déception provoquées par la vie moderne aux États-Unis. Il est, selon moi, l’un des plus beaux films jamais réalisés.
Paris, Texas porte sur la solitude et l’aliénation. Il commence par une scène dans le désert texan, un panorama aride et vide, où l’on voit une personne seule qui marche dans les dunes. Travis, le personnage principal, est quant à lui un voyageur. Il marche devant la caméra comme un homme perdu.
Dans ce film, le silence joue un rôle important. Il communique l’envie et la nostalgie, omniprésentes, d’une vie qui n’existe pas encore. Travis a abandonné son fils Hunter quatre ans avant le début du film. Quand enfin ils reprennent contact, Travis tente de construire peu à peu une relation avec Hunter au moyen de vidéos de vacances. Il décide alors de retrouver sa femme, et parcourt le Texas avec son fils.
Le film crée un sentiment de décomposition ; il y a des scènes avec des panneaux vides, des maisons en ruines et des voitures rongées par la rouille. Comme le climat du Texas, où j’ai habité pendant longtemps, il existe un type d’épuisement causé par la chaleur et l’immensité, ce que Wenders communique parfaitement. Le film roule lentement, dans ces caractéristiques géographiques inévitables et dans cet esprit de déception certaine.
Travis désire un passé qui n’a jamais existé, et il cherche l’importance avec un nihilisme paradoxal. Quand on le regarde, l’on se sent immobilisé, malgré ce mouvement constant présent dans le film. Il a ce regard rêveur qui vous attire et vous piège aussi dans une réalité suspendue. L’énergie reste léthargique, et l’on sent qu’une résolution est impossible. Wenders, qui n’est pas un réalisateur américain, a néanmoins réussi à saisir l’irrationalité du rêve américain. Le film se termine d’ailleurs sur cette vision d’un Travis en train de partir, provoqué par cette impatience causée par des attentes insatisfaites.