Quarante-et-un
Créé à Bruxelles il y a déjà vingt-cinq ans, le collectif Transquinquennal revient pour la sixième fois au Kunstenfestivaldesarts pour présenter son quarante et unième spectacle, simplement intitulé Quarante-et-un . « Et n’en parlons plus. » Plutôt que de figer une œuvre qui sera ensuite livrée clé en main au spectateur, la compagnie s’intéresse au moment de la représentation : provoquer la rencontre avec le public, et l’impliquer intellectuellement en réinventant les codes du genre théâtral.
A : À quoi ça sert d’être beau, me demande mon fils. À quoi ça me sert d’être belle, me demande la Vénus de Botticelli. Vous-même, vous êtes beau (ou belle), très beau (ou très belle), mais est-ce que vous savez pourquoi ?
B : Le bilan totalitaire et génocidaire du XXe siècle n’a-t-il pas réduit la trinité beau-bien-vrai en miettes ? Étant entendu que ces admirateurs du beau ont commis les pires crimes, pourquoi n’avons-nous pas laissé le beau disparaître avec eux ? Et si ce que nous avions encore en commun avec eux c’était ça : le goût du beau ?
C : «Because beauty isn’t enough, there must be something more.» (Eva Herzigova;)
(a + b) • 2√c = 41, notre plus beau spectacle.
Le public veut-il voir un beau spectacle ou un bon spectacle ?
C’est une liste de questions qui fait office de fil conducteur, prétexte à la présentation de quarante et un tableaux autour de l’idée du Beau. La beauté est-elle un instrument politique, a-t-elle une valeur, permet-elle de supporter l’insupportable ? Le beau est-il présent partout ? De quoi est-il fait ? La beauté crée-t-elle le consensus ? Est-elle engendrée par l’ordre ou au contraire le fruit d’un lâcher prise ?
Dérouté par cette déferlante de questions et par la juxtaposition des scènes qui en découlent, sans rapport évident les unes avec les autres, le public est contraint de se laisser emporter dans ce laboratoire artistique protéiforme. Quand les lumières se rallument après le premier tableau, très codifié, c’est comme si une voix s’élevait pour héler le public : « Vraiment ? C’est ce genre de trucs que vous voulez voir ?! » Vont alors suivre quarante autres propositions, dont il faudra renoncer à chercher un sens immédiat, pour se laisser émouvoir et commencer à cerner les contours de ce qui nous paraît beau.
Quarante-et-un, c’est un BON spectacle ou un BEAU spectacle ?
Exercice d’admiration collectif, Quarante-et-un est une expérience intense qui peut déclencher des chœurs de « Oh my god » dans différentes tonalités ! Tour à tour acteurs, spectateurs, témoins de la beauté, les membres du collectif nous interrogent : créons-nous vraiment de la beauté, ou ne faisons-nous que la révéler par la menace de sa destruction ? Belle fragilité des corps nus qui sont malades et meurent, beauté de la vie qu’on peut choisir d’éteindre, belle Cameron Diaz, à qui l’on demande d’exaucer la dernière volonté d’un enfant mourant en qualité de sex symbol planétaire, belle angoisse de la tempête qui s’abat sur nous dans le noir, belle et audacieuse chorégraphie qui fait renaître la Chanson du Pénis que l’on croyait à jamais perdue dans les archives des mauvaises comédies pour ados, beau le monde que l’on fabrique avec toutes ses ignominies. Plein de très belles choses donc dans Quarante-et-un , avec de la musique, de l’humour et du sexe, ce qui contribue à en faire aussi un bon spectacle !
Info Kunstenfestivaldesarts :
www.kfda.be/fr
Billetterie : cinéma Marivaux, ouverte de midi à 19 heures.
98 boulevard Adolphe Max
1000 Bruxelles
T +32 (0) 70 222 199