Quatre hommes et une femme
Dans le cadre du D Festival au théâtre Marni, Lisa Da Boit a repris Il dolce domani , sa dernière création présentée en novembre dernier aux Brigittines. Dans ce spectacle en forme de tableau, quatre hommes et une femmes dansent au rythme de leurs vies.
Au fond, une grande toile déploie ses fleurs de peinture. Perdus entre des chaises et un porte-manteau, deux hommes s’habillent. La cadence imposée par ce geste quotidien se mue en une chorégraphie de tous les jours. Derrière eux, leurs fantômes les accompagnent. La lumière chasse les ombres et la scène se transforme en une réunion de famille. La femme a le visage protégé par une voilette. Tous sourient devant l’objectif d’un photographe absent. Elle quitte sa voilette et son imperméable, laisse apparaitre une robe en satin rouge. Fête ou deuil ? Ou les deux ? Pourquoi ces cinq personnages sont-ils réunis dans cette pièce ? Se connaissent-ils ?
Voilà le point de départ de ce spectacle de danse. La scène devient le lieu d’histoires entremêlées dont on ne sait rien mais dont on devine tout. Du moins on essaye. Il dolce domani raconte une multitude de choses, comme des esquisses reliées par le seul hasard de la vie. Au début, on se plaît à observer ces cinq personnages claquer des mains en choeur, occuper cette scène presque vide comme une salle de café à l’aube. Crépuscule des existences, début du jour. Puis on comprend des choses et on ne comprend pas grand chose. S’ajoutent des histoires d’amour, de dépression, de morts, de naissance. Ils dansent sur des chaises renversées. Et ça confine parfois à l’abstrait. Le regard hésite. Le spectaculaire de certains mouvements se dispute au banal des gestes quotidiens.
La musique de Thomas Barrière, superposition d’arpèges, nimbe la scène pendant l’heure que dure le spectacle. Répétitive et imagée, elle est comme ces souvenirs lancinants. Elle entraine les personnages et le spectateur. Parfois envahissante, elle couvre le poème que déclame en anglais l’un des quatre hommes. Quand la profusion flirte légèrement avec la cacophonie. Moments de grâce et facilités se succèdent. C’est beau et c’est long. C’est simple et étrange. Si c’est une expérience, c’est réussi. Si ça parle de la vie, c’est réussi. Mais pas complètement non plus. Comme la vie.