Quelques fragments instantanés
La question m’est venue, quelque temps après la lecture. Que raconte exactement Notes découpées du Japon ? La biographie de l’écrivain Benoît Reiss. Il affirme qu’il a bel et bien vécu au Japon, il faut donc croire qu’il s’agit de souvenirs, de récits sur le vif, de fragments… Mais des fragments de quoi ?
Note découpées du Japon est un petit livre, moins de cent pages, édité par Esperluète. Quelque part entre la poésie, le récit de vie intime, et le roman de voyage, Benoît Reiss pose une écriture simple et riche, faite de détails et de vides.
Il commence à neiger en début d’après-midi. Le
soir les flocons continuent à tomber.
Les illustration de Junko Nakamura détonnent au vu de sa production antérieure de livres pour enfants aux couleurs riches et surprenantes. Ici sa retenue est bienvenue même si une place plus grande aurait pu être accordée à ses dessins qui peuvent faire preuve d’une grande efficacité (bien que certains semblent un peu en deçà du texte).
Une introduction en leitmotiv, également présente sur la quatrième de couverture, annonce : « Si un jour tu veux raconter le Japon, prend des ciseaux, coupe des petits et des grands morceaux et jette tout en l’air. » La citation est parfaite, Notes découpées du Japon est un ensemble de morceaux, pas un collage, pas une continuité. Un ensemble d’instantanés, comme les photos de vacances d’inconnus. Les illustrations de Junko Nakamura n’éclairent rien. Elles donnent un autre point de vue tout aussi fragmentaire, tout aussi distant.
Les textes se lisent indépendamment les uns des autres, c’est un livre qu’on peut ouvrir au hasard, lire une page ou deux, puis refermer et revenir y piocher un autre jour. Les situations semblent banales et étrangères, lointaines mais pas différentes du quotidien ; le glossaire final sert uniquement à enrichir son vocabulaire tant tout est limpide. Ce sont les choix de l’écrivain qui comptent dans ces récits, la tendresse discrète de ses anecdotes.
J’ai été surpris de voir tant de personne
Dormir pendant le kabuki.
Notes découpées du japons est un livre curieux. Son regard sur le Japon n’est pas un regard du Japon. Il ne faut pas s’y tromper et ne pas venir y chercher la poésie japonaise mais ce que le Japon peut donner de poésie à une écriture francophone. Une curiosité qui intéressera aussi les amateurs de récits de voyage.