Les perles de 2024 selon Léopold
parmi quelques vieilleries
Mon problème est que je découvre beaucoup de vieilles choses. Des vieilleries. J’écoute une nouvelle musique et puis l’artiste est déjà mort. C’est vraiment dur au quotidien vous savez. J’ai tout de même essayé de collecter ici quelques perles que j’ai trouvées au bord du chemin cette année. J’ai essayé d’être le plus concis possible : une pièce, un concert, un film. J’aurais vraiment aimé mettre un livre, mais voilà : rien lu qui date de 2024. C’est vraiment terrible.
14 février : L’avant-avant-dernière de J’abandonne une partie de moi que j’adapte [J. Lequette, Group NABLA — Ferme de Martinrou]
J’avais déjà vu la pièce, une fois, à l’Ancre, je ne sais plus bien quand. Elle tournait depuis 2017, quelque chose comme ça. Et elle s’est arrêtée de tourner deux soirs après que je sois revenu la voir. Sept ans. Sept ans, c’est quelque chose dans une vie. La pièce repose la question, d’ailleurs. Et toi, comment tu te débrouilles ? Comment, des années plus tard, tu te démerdes avec la vie ? Et en fait, toi, comment tu vas ? Un bonheur de théâtre.
23 février : Nonante secondes de la Cinquième de Sibelius [Belgian National Orchestra, J. Feddeck, A. Kobekina — Bozar]
Au départ, je venais pour le concerto pour violoncelle d’Elgar. Sublime, d’ailleurs. Bien entendu. Ensuite venait la cinquième symphonie de Sibelius, dont du reste je n’attends pas grand chose. Jusqu’à ce passage du dernier mouvement, qui a justifié tout le reste. Cette mélodie d’une solitude infinie, ces nonante secondes que bien malgré moi j’ai dû fixer juste après le concert en les réécoutant en boucle. Quelques secondes sur un concert. C’est pas beaucoup après tout. Mais je crois que c’est ce que l’on cherche, au final.
5 octobre : Soundtrack to a Coup d’Etat [de J. Grimonprez — Centre Wallonie-Bruxelles, Paris]
J’aurais pu parler de The Holdovers, que j’ai vu quelque part en janvier, et qui est absolument merveilleux, mais il est sorti le 20 décembre 2023 en Belgique, et donc ça ne rentre pas ici. J’aurais pu parler de The Zone of Interest, mais j’en ai déjà beaucoup parlé. Alors si je dois garder un film pour cette année, je dis celui-ci : Soundtrack to a Coup d'Etat. Il y a dans ce film la force et l’enthousiasme des grandes choses, la rage et le mordant de la réalité. Tant a déjà été dit, sur le film, sur ce qu’il dénonce, ce qu’il propose. Je dirai seulement qu’il m’a laissé avec le sourire de la révolte et le goût de courir très vite vers quelque part.