J’accélère de Raphaële Lannadère
This is your song (69)
Une chanson, illustre ou inconnue, c’est le principe plus de cent fois renouvelé de This is your song.
Elle accélère et elle nous plonge, elle nous coule dans cette nostalgie d’un passé encore à venir.
Elle accélère et distribue des minutes supplémentaires. Elle montre élégamment : le corps qui vole au-dessus d’un pare-chocs de voiture ; la cloche de verre téméraire qui se jette passionnément du haut d’un gratte-ciel ; le coquelicot cueilli, encore tout tendu d’un rouge à l’abri des rides ; les miraculés des secondes.
Et nous, on s’autorise à planer éperdument, à faire droit à notre penchant fictif pour l’arsenic.
On s’adonne à nos petites fugues crépusculaires ; on s’oublie en cultivant des îles intérieures.
On sent, à travers des mots qui sonnent fort bleus , on sent comme le cœur est vide et plein à craquer tout en même temps. On sent qu’hésitant, il flotte dans une apesanteur désirable, une apesanteur chantée par une voix de cristal. Tandis que la voix brille, on découvre la transparence des pleurs, on tombe amoureux de douleurs si douces.
La nuit on ment , on accélère, on se raconte de belles histoires, ou on écoute Raphaële Lannadère.