Un big band pour A Love Supreme !
A Love Supreme de John Coltrane compte parmi les quelques albums qui ont marqué l’histoire du jazz. Pour beaucoup de spécialistes, de la même façon qu’il a un avant et un après Kind of Blue de Miles Davis, A Love Supreme est un album « fondateur ». Aujourd’hui, cinquante ans après sa publication, le compositeur Dal Sasso en propose une version orchestrale, inédite et, disons d’emblée, très réussie.
L’album mythique
Lorsqu’il paraît en 1964, A Love Supreme fait couler beaucoup d’encre, tant la créativité et l’inventivité de Coltrane étonnent le milieu musical. La composition est découpée en quatre mouvements dont l’enregistrement a eu lieu dans le studio de Rudy Van Gelder le 9 décembre 1964. L’album, produit par Bob Thiele pour le label Impulse, se présente thématiquement comme une vaste prière du saxophoniste envers sa foi et Dieu. Pour beaucoup, il s’agit là de l’œuvre la plus spirituelle de Coltrane, à travers laquelle on peut lire l’histoire du peuple noir américain, dans les mélodies blues et les vibrations du gospel. Contemporain de la New Thing et de l’apparition du free jazz, A Love Supreme est le premier vrai succès commercial de Coltrane ; les ventes dépasseront le million d’exemplaires.
Le big band
La nouvelle version d’ A Love Supreme , parue en avril dernier, a de quoi séduire les puristes. Christophe Dal Sasso et les frères Belmondo ont en effet réussi cette gageure qui est celle de revisiter une œuvre fondatrice en la transformant en une suite orchestrale. Hormis les quatre parties de l’œuvre originale — Acknowledgement , Resolution , Pursuance , Psalm —, la version big band comprend une introduction composée par Christophe Dal Sasso et une récitation du poème écrit par John Coltrane. Autre nouveauté — et non des moindres —, la suite est interprétée soit par un orchestre de quinze musiciens, soit par des solistes : Lionel Belmondo, Clovis Nicolas, Laurent Fickelson, Philippe Soirat, Bastien Stil ou encore Stéphane Belmondo.
Si ce n’est pas la première adaptation de cette œuvre majeure du jazz, la version proposée par Dal Sasso en est certainement une des meilleures tant on y retrouve le même raffinement, la même ferveur et la même puissance qui était celle du maître Coltrane. La dimension spirituelle qui était présente dans la version coltranienne n’en est que sublimée. Aussi Dal Sasso ne s’est pas brûlé les ailes en proposant cette version orchestrale d’ A Love Supreme et l’on s’en réjouit !