« On aime faire de la pop et la saloper ensuite », déclare d’entrée de jeu Aurélien (aka June Moan), le guitariste des Mountain Bike. Un pari plutôt réussi pour le groupe bruxellois qui n’en est pas à son coup d’essai, malgré l’existence relativement courte du groupe. Ce qui était un side project pour chacun des membres, Mountain Bike s’est avéré la voie d’épanouissement pour ceux qui ont eu l’occasion d’enregistrer un EP, un 45 tours et un album en deux ans.

Un peu facilement classé comme un groupe Garage par les médias généralistes, ils ne se voient pourtant pas limités à ce seul style. Pour Étienne (dit Kinkle), « le milieu garage français, duquel je viens, est assez puriste. Nous avons présenté le matériel de l’album à Teenage Menopause, un label parisien spécialisé dans le Garage, mais ils ont très vite trouvé que c’était très propret. Je leur ai dit que ce n’était pas grave parce qu’on n’a pas fait ce disque pour eux.»

Mountain-Bike

Avec un combo aux influences diverses mais toutes liées à la grande famille du Rock’n’Roll au sens large du terme, Mountain Bike s’est forgé un son particulier au fil des répétitions et d’une cinquantaine de  concerts. Le résultat, c’est donc ce premier album : l’évolution de leur EP enregistré il y a maintenant un peu plus d’un an.

Construit comme un bon concert de rock où l’on mouille la chemise pour ensuite reprendre son souffle entre deux pogos, l’ensemble tient plutôt bien la route, pour s’imposer comme l’un des albums belges les plus percutants de cette année. Après une entrée en matière pêchue sur « Word Land », le choix de placer le hit single « I Lost my Hope (in Paradise) »1 juste après est certes calculé, mais le résultat médiatique est inattendu pour eux.

« Ça nous amuse beaucoup de passer sur des radios comme Pure FM ou Classic 21, mais on n’imagine pas le reste de l’album sur des radios généralistes francophone », déclare Étienne. Et pour cause, le disque des Mountain Bike est volontairement bâtard car il mélange constamment les influences Surf, Psychedelia, New Wave, Punk, Garage ou encore Pop. « Les Américains assument beaucoup plus la pop dans la scène Garage, alors qu’on n’en est pas encore là en Europe. On nous pose souvent la question mais on considère que l’on n’a pas besoin d’assumer quoi que ce soit, on joue la musique qui nous plaît. »

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Pleine d’une énergie ravageuse, c’est la rencontre de quatre musiciens autour d’un son particulier qui n’en finit pas de surprendre tout au long de l’écoute. De fait, la tension est soutenue jusqu’à la moitié de l’album puis redescend avec « Just Good Friends », une ballade qui casse le rythme. Elle est vite suivie par « Is That all about Money ? », un morceau « déglingué » selon les termes d’Étienne. On repart vers une nouvelle ascension ensuite, qui s’achève par un fade-out, avec « Japanese Guitar ».

Comme le dit Aurélien, « chacun a dû faire des compromis par rapport au groupe mais tout le monde a pu apporter sa patte ». Le subtil mélange de spontanéité (l’intro de « Is That all about Money ? » est en fait un test des micros) et de travail assidu (un mois d’enregistrement pour un album dont près de la moitié des titres avait déjà été édités auparavant) fait définitivement voler en éclat toute idée de style ou d’étiquette. En tant que groupe de scène, ils auront l’occasion de faire entendre leur talent notamment aux Nuits Botaniques, au Cinquantenaire pour la Fête de la Musique ou encore au festival de Dour.

L’album Mountain Bike est quant à lui déjà disponible sur Bandcamp, en CD et en vinyle (Humpty Dumpty Records), ce qui est certainement la meilleure manière de l’écouter.

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Moutain Bike
Moutain Bike
Humpty Dumpty RDS – PIAS, 2014


  1. pour  lequel ils ont d’ailleurs tourné un clip assez délirant, à voir ci-dessous