critique &
création culturelle

Via ferrata

journal de bord d’une apprentie ferratiste

L’heure des vacances a sonné, et avec elle notre envie de partir à l’aventure et de découvrir des paysages plus exotiques que ceux de notre plat pays. En deux temps trois mouvements, on organise notre reconnexion à la nature et notre reprise sportive : cap sur le Sud de la France, objectif Via Ferrata !

Pratique située entre l’escalade et la randonnée, la via ferrata (littéralement « voie ferrée ») est une activité sportive qui se présente sous la forme d’un parcours aménagé sur une paroi rocheuse. À l’origine, les via ferrata se sont développées en Italie dans le massif des Dolomites au début du XX e siècle sous l’impulsion de l’armée italienne qui souhaitait faciliter la traversée des Alpes pour les troupes militaires alpines. Depuis, c’est devenu une activité ludique et sportive qui regroupe un nombre croissant d’adeptes, notamment grâce à sa nature hybride qui la rend accessible au plus grand nombre. En effet, alors qu’en escalade la progression sur le rocher se fait à mains nues avec des prises naturelles, la via ferrata se présente sous forme de parcours composé d’échelles, de ponts de singes, tyroliennes et autres agrès pour satisfaire tous les goûts. Pour ceux qui craignent la difficulté des parcours, il n’y a pas de soucis à se faire : en France et en Suisse, chaque parcours est classé selon sa difficulté en partant du niveau facile (F) jusqu’au niveau extrêmement difficile (ED). Aujourd’hui, on retrouve des via ferrata dans plusieurs pays d’Europe comme l’Italie, la France, la Suisse, l’Autriche ou l’Allemagne, et elle s’exporte même à l’internationale puisque on peut également en retrouver en Chine ou au Pérou. Quel chemin parcouru depuis son développement dans les Alpes italiennes !

Depuis plusieurs années déjà, on s’aventure dans des parcours de via ferrata dans le Jura et en Belgique. Néanmoins, nous ressentons le besoin de découvrir des nouveaux parcours et on décide donc de profiter des vacances pour s’aventurer dans les via ferrata de la région de Provence-Alpes-Côte d’Azur, précédées par leur réputation. Pour la première étape de notre voyage, on décide de commencer par la via de Buis-Les-Baronnies, considérée comme l’une des plus belles et longues via d’Europe, nichée au cœur du parc naturel des Baronnies provençales. Sur la face Nord du rocher de Saint-Julien se déploient quatre parcours de 1700 mètres de long ! Comme nous n’avons plus pratiqué depuis un an et qu’on se sent un peu rouillés, on décide de n’en faire (que) deux pour commencer : La Têtue (La Testouriasso en provençal) et La Casse Cul (La Roumpo Quiéu), toutes deux classées Difficile (D). Dès le départ, on se rend compte que le site est très bien équipé et accessible : de nombreux passages avec ponts de singes et ponts népalais, des passerelles et même une tyrolienne se présentent sur notre route. On a même l’occasion d’avoir quelques contacts avec le rocher sans difficulté, de quoi se remettre en jambes en douceur. Malgré la saison estivale, on ne croise pas âme qui vive sur le parcours : le temps d’une après-midi, on se sent seuls au monde sur ce rocher au milieu des plants de lavandes et des plantes grasses qui se nichent dans les moindres recoins de la roche. Après plus de quatre heures de parcours et un sommet qui offre une vue panoramique sur l’ensemble de la vallée, on redescend des images plein la tête. On n’aurait pas pu rêver mieux pour commencer notre voyage.

Une nouvelle journée commence, et avec elle une nouvelle via à explorer. Après une heure de route, cap au sud et changement de décor : nichée en plein cœur de Cavaillon, dans le massif du Luberon, nous partons à la découverte de la via ferrata de la colline Saint-Jacques. Après s’être garés au milieu de la ville, je dois bien avouer que je suis d’abord sceptique sur le déroulement de cette via. Néanmoins, mon sentiment se dissipe rapidement : la marche d’approche pour rejoindre le départ est assez courte, et dès que l’on est sur le rocher la ville laisse rapidement place à une vue sur le mont Ventoux et autres monts du Luberon, sur la vallée de la Durance et les Alpilles. Toujours accompagnés des plants de lavande et rejoints par des lézards craintifs, nous parcourons les deux boucles du parcours sous le cagnard provençal : la « Via Natura », plutôt adaptée aux débutants, et la « Via Souterrata », un itinéraire plus sportif qui propose plusieurs passages au milieu du rocher. Malgré une chute de tension au sommet du rocher (quelle chance ! …), nous terminons la via satisfaits et sans encombre.

Pour notre troisième étape, nous faisons route vers le nord pour rejoindre les Alpes de Hautes Provence et découvrir les deux dernières via de notre périple : la via ferrata de la falaise de Meichira et celle du rocher de Neuf Heures (en provençal, cela se traduit par « Neuf Vents » en français). Avec un départ situé à plus de 1000 mètres d’altitude sur un parcours de 600 mètres de long, on part à l’ascension de la falaise de Meichira dans un décor plus montagneux et un climat moins chaud. Après deux heures d’effort, nous arrivons au sommet qui nous permet de profiter de la vue panoramique sur la vallée de la Haute Bléone. Une fois de plus, cette via nous permet de profiter d’une après-midi où le temps semble s’arrêter, un moment de déconnexion totale.

Le lendemain, il est déjà temps d’entamer la quatrième et dernière via de notre voyage, celle du rocher de Neuf Heures situé au cœur de la ville thermale de Digne-Les-Bains. Après une heure de marche d’approche quelque peu athlétique (mes jambes s’en souviennent encore… !), nous voilà partis dans ce parcours qui nous réserve une ascension moins équipée et plus sauvage où il y a plus de contacts directs avec le rocher. Néanmoins, une fois ma peur du vide surpassée, la vue en vaut la chandelle : après deux heures d’ascension, on peut se reposer et profiter de la vue à 360° sur la ville et les alentours. C’est une belle manière de clôturer notre épopée, que l’on fêtera joyeusement en dégustant un verre en terrasse dès notre retour sur la terre ferme !

C’est déjà la fin de notre voyage et l’heure du bilan a sonné. La via ferrata est une activité qui permet aux pratiquants, même les moins expérimentés, de connaître les sensations de l’escalade sans les difficultés qui vont de pair. De plus, toutes les via que nous avons faites sont en libre accès et totalement gratuites pour les ferratistes qui possèdent leur propre matériel (dans le cas contraire, il est toujours possible de louer du matériel et de choisir de réaliser les parcours avec un guide).

Notre voyage nous aura offert une parenthèse au cœur de la nature et une déconnexion totale dont nous avions bien besoin. Malheureusement, il est déjà temps de retrouver notre grisaille nationale avec des souvenirs pleins la tête, mais c’est pour mieux préparer notre prochaine expédition !

Retrouvez ici tous les renseignements sur la Via Ferrata de Cavaillon.

 

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Via Ferrata de Cavaillon

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