Alan Turing,
The Imitation Game de Morten Tyldum emmène le spectateur dans la vie tourmentée du pionnier des ordinateurs. Avec un excellent Benedict Cumberbatch, porté par un casting épatant, ce film est plus qu’un simple biopic.
Alan Turing est né peu avant la Première Guerre mondiale au Royaume-Uni. Il vivra les deux conflits mondiaux avant de mourir en 1954. Le petit Alan se découvre très tôt une vraie passion pour les mathématiques et deviendra un génie précoce dans ce domaine. Cette faculté ne lui sera pas toujours une chance, surtout dans sa jeunesse. Surdoué dans son domaine, Turing accomplira un parcours remarqué à l’université puis rejoindra, durant la Deuxième Guerre mondiale, le centre de décryptage de Bletchley Park pour aider l’armée anglaise à casser le code la machine Enigma, utilisée par l’armée allemande pour chiffrer les messages.
Cette biographie cinématographique s’attache non seulement à montrer des pans de la vie d’Alan Turing (Benedict Cumberbatch), mais aussi de la société anglaise de l’entre-deux-guerres et du second conflit mondial. Pas un simple biopic donc, mais aussi une photographie vivante d’un moment crucial de l’histoire mondiale… L’Histoire vue autrement, passionnément, avec au cœur de cette histoire un brillant mathématicien.
Trois grandes époques de la vie de ce génie sont dévoilées, chacune se faisant l’écho des autres, sur fond de révélation de son homosexualité, problématique en ces temps. Sur un second plan, Keira Knightley incarne le rôle hardi d’une femme désireuse de prendre une place dans une société alors très patriarcale, sinon machiste. Les autres acteurs n’ont rien à envier aux deux têtes d’affiche, tant ils renforcent l’histoire et amènent un dynamisme certain.
Ainsi, trois grandes thématiques sont abordées : la vie d’Alan Turing, l’homosexualité d’un homme et la place d’une femme dans une société en guerre . Le film a pour scène principale le centre de Bletchley Park, comme pour renforcer l’importance de cette période de l’Histoire dans la vie de Turing et de ses compatriotes mathématiciens, le tout au sein d’un microcosme majoritairement masculin.
Campant un Turing presque asocial, Benedict Cumberbatch incarne un type de personnages qui lui tient à la peau : celui d’un homme tourmenté par son passé et par sa nature différente. Après son interprétation de Julian Assange dans le Cinquième État , il se surpasse dans le rôle d’Alan Turing . Les spectateurs découvrent un personnage colérique, parfois triste, souvent seul et incompris. Cependant, toutes ces émotions prennent le pas sur l’histoire, tout aussi importante et passionnante, du décryptage du code allemand, ainsi que sur la véracité des faits relatés, qui recèlent des erreurs et ne retracent que très partiellement l’histoire d’Alan Turing et de la cryptographie.
Le Norvégien Morten Tyldum réalise un premier film dans la cour des grands : un casting de premier choix, un sujet sur une grande figure du XXe siècle et des premières nominations aux Oscars. The Imitation Game est son quatrième film et le second à être sélectionné, et déjà primé, dans plusieurs festivals hors de Norvège. C’est surtout une révélation qui, nous l’espérons, amènera d’autres œuvres tout aussi passionnantes.