BIFFF 2016
Une semaine. Cela va maintenant faire une semaine que j’ai mis les pieds en territoire BIFFFien. L’hostilité des autochtones est de mise : quand je ne suis pas poursuivi par des hordes de zombies, ce sont des apparitions qui troublent mes nuits sans sommeil.
Une semaine. Cela va maintenant faire une semaine que j’ai mis les pieds en territoire BIFFFien. L’hostilité des autochtones est de mise : quand je ne suis pas poursuivi par des hordes de zombies, ce sont des apparitions qui troublent mes nuits sans sommeil.
The Veteran de Ryoo Seung-wan (2015)
Première étape en Corée, avec The Veteran de Ryoo Seung-Wong, qui nous offre une satire sociale saupoudrée de businessmen corrompus et de flics hauts en couleur. Dans une sorte de croisement improbable entre un thriller de Scorsese et une comédie de Jackie Chan, le film raconte l’enquête menée par un vétéran excentrique et légèrement borderline de la police de Séoul. Ce dernier tente de mettre au jour un scandale impliquant l’héritier pourri gâté d’une puissante multinationale.
Ryoo Seung Wong jongle entre des moments de comédie plutôt brillants et inspirés (on pense notamment à une scène dans laquelle un homme d’affaires véreux tente d’acheter la femme de l’inspecteur, jusqu’à ce que la situation se retourne quand la femme sort l’argent du pot-de-vin en public pour le compter), des scènes d’action convaincantes (comme cette course-poursuite entre des containers lors d’une perquisition dans le port de Séoul) et des moments dramatiques juste comme il faut (on pensera notamment au drame vécu par les victimes du businessman pourri, peint tout en justesse). En faisant la fine bouche, on pourrait reprocher un dosage parfois déséquilibré entre le drame et la comédie, ou bien la construction du personnage de l’antagoniste, qui finit par flirter avec le ridicule. Mais franchement, au vu du reste, il n’y a pas de quoi bouder son plaisir.
The Survivalist de Stephen Fingleton (2015)
Pour cette deuxième étape, les barbes broussailleuses et les fusils à canon scié seront de mise. Non, nous ne nous rendons pas chez les rednecks du KKK, mais chez un survivant, un vrai de vrai. Dans un monde vraisemblablement dévasté par un désastre jamais défini, un homme sans nom s’est reconstruit une vie totalement autonome dans une petite ferme cachée au fond des bois. Mais son quotidien se trouve bouleversé par l’arrivée d’une mère et de sa fille, qui souhaitent s’établir dans la ferme, que ce soit de gré… ou de force.
Stephen Fingleton réalise un film minimaliste mais d’excellente facture, une sorte de huis clos post-apocalyptique saupoudré de séquences contemplatives. En mélangeant paranoïa et jeux de pouvoir entre ses personnages, le réalisateur interroge les rapports humains dans une situation de lutte pour la survie. Comme si Thomas Hobbes avait écrit The Walking Dead ou The Last of Us . Un film âpre, violent et réaliste, grand cru de cette édition 2016.
Yakuza Apocalypse de Takashi Miike (2015)
Quittons notre petite refuge sous les arbres et jetons-nous dans la gueule du loup… ou plutôt du vampire, avec la dernière pépite absurde du Japonais Takashi Miike. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Takashi Miike est un génie de l’absurde et du gore japonais, une sorte de Robert Rodriguez ou de Quentin Tarantino, mais bien plus prolifique : l’homme se paie le luxe de réaliser plusieurs films par an, avec une qualité très variable, certes, mais où le rire et la stupidité ne sont jamais loin.
Akira Kageyama est un apprenti maffieux aux ordres d’un puissant chef aussi aimé que respecté. Manque de bol, le chef en question est exécuté en pleine rue par un prêtre portant un cercueil sur le dos et un redoutable adepte d’arts martiaux déguisé en fan de manga 1 . Mais le chef n’a pas dit son dernier mot, et mord Akira avant de rendre son dernier souffle, faisant de lui un… yakuza vampire. Akira va dès lors se lancer dans une quête de vengeance pleine de sang, de gags absurdes et de grenouilles. Oui, vous avez bien lu.
Vous l’aurez compris, on a affaire ici à un bon gros nanar, mais pas de n’importe quel genre : celui de classe mondiale, qui se paie le luxe d’une production léchée et d’une écriture de très bonne facture, en tout cas pour les gags. Le récit proposé n’est qu’un prétexte à enchaîner des situations plus absurdes les unes que les autres, que Takashi Miike se permet en plus de filmer avec une inventivité folle. Jamais la bêtise n’aura été aussi bien filmée. On notera aussi une succession de combats finaux plus dantesques les uns que les autres, dont une bagarre de coups de poing entre le duel de western spaghetti et une partie de « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette ». Brillant, je vous l’avais dit.
Et pour la suite ?
Je laisse ici l’apocalypse et les vampires pour reprendre ma route. Où mes pas vont-ils me mener, cette fois ? Vers Baahubali (2015), péplum indien dans lequel une sorte de demi-dieu, joué par le Chuck Norris national, défonce la moitié du casting à grands coups de baffes données au ralenti. Beaucoup de stupidité et de rires en perspective. Normal, vous êtes au BIFFF.