Depuis novembre dernier, la galerie Horta à Bruxelles accueille une exposition d’un nouveau genre, où les procédés technologiques donnent vie aux œuvres les plus emblématiques du « père de l’impressionnisme » : Claude Monet. Karoo vous emmène à la découverte de cette expérience artistique qui sollicite tous nos sens.
Né à Paris le 14 novembre 1840, le jeune Oscar-Claude Monet déménage en 1845 avec sa famille au Havre, où il développe dès son plus jeune âge un intérêt pour le dessin. Ses premières caricatures mais surtout ses dessins de paysages en plein air lui permettent de se démarquer et, sous le conseil d’Eugène Boudin, il décide de tenter sa chance à Paris. Dans ce carrefour artistique et culturel que constitue la capitale française, il fait la rencontre de peintres tels que Renoir, Pissarro, Sisley ou encore Cézanne, artistes qui participeront plus tard à la révolution de l’art qui s’annonce.
En effet, le XIXe siècle marque aussi l’émergence de la photographie, capable de mieux capturer la réalité et qui remet en question l’une des fonctions principales de l’art : la représentation fidèle de l’univers qui nous entoure. Cette révolution ainsi qu’une envie de changement poussent ces artistes de la nouvelle génération à proposer un nouvel art pictural qui bouscule les normes établies. Dans la continuité du réalisme, on favorise les paysages en plein air, les espaces naturels ainsi que des scènes de la vie quotidienne représentées avec des couleurs vives et des jeux de lumière afin de faire apparaître des impressions fugitives.
« Ce que je ferai ici aura au moins le mérite de ne ressembler à personne, parce que ce sera l’impression de ce que j’aurai ressenti, moi tout seul. »
Voyant leurs œuvres refusées par les grands salons parisiens, ces artistes se regroupent et créent alors le célèbre « Groupe des Impressionnistes », dont Monet est considéré comme le fondateur principal grâce notamment à son célèbre Impression de soleil levant (1872).
L’exposition de la galerie Horta propose aux visiteurs de découvrir l’artiste sous un nouveau jour de par son côté immersif et didactique. En effet, les murs, le sol et le plafond de la salle principale deviennent alors la toile vierge sur laquelle prennent vie plus de 300 tableaux du peintre grâce aux technologies du mapping et de la réalité virtuelle. Ce ballet de coups de pinceaux virtuels de 35 min retrace la vie artistique du peintre et est dicté par la musique du compositeur belge Michelino Bisceglia. Ainsi, le spectateur peut appréhender les œuvres du maître français de manière ludique.
En plus de cette expérience immersive, les autres espaces de la galerie nous présentent les techniques et influences des impressionnistes ainsi que les évènements marquants de la vie de l’artiste. Une salle entière est également dédiée à la reconstitution de l’atelier de Monet à sa résidence de Giverny en Normandie, lieu qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1926 et qui fut une source d’inspiration intarissable. Des reproductions de quelques unes de ses plus grandes œuvres y sont également exposées. La faiblesse de ces espaces s’incarne par le nombre réduit de cartels explicatifs alors que l’on apprécierait en apprendre davantage sur le courant artistique ainsi que sur la vie du « père de l'impressionnisme ».
Enfin, l’exposition se conclut sur une expérience VR individuelle de 10 minutes qui emporte les visiteurs au cœur de l’œuvre de l’artiste : de son atelier à Giverny à Londres en passant par la Norvège et les Pays-Bas. Lunettes sur le nez, on semble plonger dans les tableaux du maître et ressentir les émotions (ou plutôt les impressions) qu’il a voulu communiquer. La technologie se met donc au service de l’art et semble nous rapprocher au plus près de l’œuvre picturale par une mobilisation de tous nos sens. Néanmoins, ne serait-ce pas plus judicieux de ne se focaliser que sur l’un d’eux pour s’imprégner au mieux de l’œuvre originale ? L’engouement croissant pour ce nouveau type d’exposition nous amène à nous demander si ça ne risque pas de « tuer » l’expérience du spectateur lorsque qu’il se trouvera en face d’un « simple tableau accroché au mur ». Bien que la dimension interactive et visuelle permette à un public plus large de s’imprégner de l’univers artistique de Monet, elle dénature également l’appréciation brute des peintures de l’artiste. Ces nouvelles expositions, que l’on qualifie parfois de révolutionnaires, ne sont peut-être finalement que de la poudre au yeux.