Crise de la représentation
Tentative de portrait d’une époque de crise économique et de repli identitaire, Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas investit la Bourse de Bruxelles. Création du Brésilien Antônio Araújo, le spectacle est ensuite attendu au Festival d’Avignon.
La crise : le mot est sur toutes les langues, répété jusqu’à les rendre muettes. Muet, comme cet homme brésilien qui revient à Bruxelles, son ancienne terre d’exil. Sa fille, économiste, vient y participer à un congrès où elle compte exposer le lien entre déflation et crise identitaire. En emmenant son père, elle espère provoquer chez lui un choc qui lui permettra de retrouver la parole qu’il a perdue depuis la mort de sa femme. Ils retrouvent une ville changée : violente, sans repères, fermée sur elle-même.
Commandé à Antônio Araújo dans le cadre du projet européen Villes en scène / Cities on Stage , Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas est un spectacle conçu à partir de Bruxelles, pour Bruxelles. L’écriture a été confiée à l’auteur brésilien Bernardo Carvalho. Le Teatro da Vertigem, la compagnie d’Araújo, a pour habitude de sortir des théâtres et de s’installer dans des lieux publics. Coproduction du Théâtre National et du Festival d’Avignon, le spectacle se déroule à la Bourse de Bruxelles sur un mode déambulatoire. À Avignon, où il sera joué en juillet, il investira l’Hôtel des Monnaies.
La Bourse est probablement l’élément le plus signifiant de la représentation : celle-ci commence sur son perron, se poursuit à l’intérieur, où les spectateurs, tantôt debout tantôt assis, suivent les divers tableaux aux quatre coins du bâtiment. La scénographie et la maîtrise technique sont impressionnantes ; les coursives se retrouvent tour à tour chambre d’hôtel, bar louche, appartement luxueux, commissariat de police et j’en passe. Décors, éclairages et ambiance sonore assurent l’immersion.