De Champollion à Beyoncé, en passant par Néfertiti et Assassin’s Creed, Égypte. Éternelle Passion , la nouvelle exposition égyptomaniaque du Musée royal de Mariemont , nous invite dans un passé bien actuel.
Ce 24 septembre dernier s’ouvrait la nouvelle exposition du Musée royal de Mariemont : Égypte Éternelle Passion . Pour l’occasion, pas d’antiques souvenirs sortis de leurs boites, mais au contraire un clin d’œil à toute l’inspiration égyptienne présente dans notre quotidien depuis près de deux mille ans. Pour nous emmener dans l’univers des pharaons, le musée a choisi de construire son exposition sur ce qui « fait » l’Égypte. La volonté principale de l’exposition est d’illustrer que l’imaginaire égyptien reste bel et bien présent dans les arts, les médias, mais aussi la décoration ou encore les jeux vidéo, et ce tant dans la sphère privée que dans l’espace public.
Pour mettre en avant ce postulat selon lequel l’Égypte est omniprésente, l’exposition se construit autour de symboles. On rencontre d’abord les divinités emblématiques, comme Isis ou Anubis. On découvre à quel point ces dieux sont ancrés dans l’imaginaire collectif déjà à l’époque de l’Antiquité romaine. En effet, on y apprend qu’Isis, l’une des icônes les plus célèbres de la mythologie égyptienne, sera reprise par le culte romain, mais aussi par la franc-maçonnerie, souvent associée aux symboles égyptiens. Quant à Anubis, fils d’Isis et d’Osiris, il s’invite dans l’imaginaire populaire pour son apparence anthropomorphique et à travers le sentiment de peur qu’il éveille.
Si les représentations actuelles des divinités d’alors sont mises à l’honneur, il en va de même pour les personnalités qui continuent de constituer l’Égypte dans la pensée collective. Toutankhamon, Cléopâtre ou Néfertiti, chaque souverain est présenté dans une version contemporaine : avec des lunettes ou caricaturé, en série ou incarné par une pop star actuelle… Un autre élément qui traduit l’Égypte et que le musée a choisi de mettre en évidence, ce sont les hiéroglyphes. On apprend donc comment ceux-ci ont été déchiffrés par Champollion, mais aussi à quel point ils ont parfois été malmenés dans le seul but, pour certains artistes, de donner à leur œuvre un caractère égyptien. Une lettre rédigée de la main de Champollion, signée des hiéroglyphes formant son nom, fait d’ailleurs l’une des fiertés du Musée royal de Mariemont qui détient la plus grande collection égyptienne de Wallonie. Finalement, l’exposition n’aurait pas été complète sans inscrire les pyramides et la momie dans ses symboles égyptisants. À l’issue de l’exposition, il nous est proposé de réfléchir à un objet de notre quotidien qui serait en lien avec cette passion de l’Égypte : un tatouage, un bijou, une horloge…
Déjà forte de souvenirs proches et de références à la pop culture, Égypte. Éternelle Passion s’adresse à tous. Les enfants sont d’emblée invités à jouer dans les salles de l’exposition. Pour les plus petits, un fascicule « Cherche et trouve au musée » propose de retrouver des motifs, des éléments de décors ou encore des objets tout au long de la visite. Une autre activité, « Un objet qui… Un objet que… », incite à nommer ou dessiner des objets rencontrés en fonction de consignes plus ou moins inspirantes. Et pour une fois, les plus grands ne sont pas négligés ! Le dépliant « Fragments d’impulsions littéraires » promet de « nourrir l’imagination du visiteur tenté d’écrire parmi les objets du musée ». Des initiatives qui, malgré leur apparente naïveté, permettent tout de même de porter un regard différent sur les œuvres et d’adopter une posture plus active. Autre élément intéressant pour les visiteurs réticents à la lecture, les salles sont parsemées de QR codes qui donnent accès à des fichiers audio (transcrits pour qui n’aurait pas prévu ses écouteurs) mettant en scène trois personnages : Champollion, une archéologue, et Nefer, influenceuse égérie de l’exposition et créée spécialement pour l’occasion. S’adressant davantage à un public jeune, elle frôle parfois la caricature mais rien de dérangeant, au contraire.
Un coup de cœur personnel que je me dois de partager est non pas la robe portée par Monica Bellucci dans le célèbre Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre , mais l’œuvre Eternity (2019-20, « made by bees » series ) réalisée par Tomas Libertiny, artiste d’origine slovaque, ou plutôt par ses collaboratrices particulières : les abeilles. Eternity est une reproduction du célèbre buste de Néfertiti complètement alvéolé de cire. La sculpture représente à la fois la beauté éternelle de la reine emblématique, mais aussi un hommage à la force de la nature.
Heureusement, si le deuxième étage du musée et son égyptomanie ne sont pas suffisants, il suffit de se rendre à l’étage inférieur pour profiter de la collection permanente du musée, notamment, destinée à l’Égypte. De quoi satisfaire cette curiosité souvent teintée de fascination pour le pays des Pharaons.