critique &
création culturelle

FIFF 2015

Pinocchio le roman d’un menteur québécois

Le FIFF, ce sont principalement des films de fiction, mais c’est aussi l’occasion de découvrir les plus récents documentaires issus de la francophonie. On s’intéressera donc au dernier documentaire d’André-Line Beauparlant, un étrange portrait intitulé assez justement Pinocchio .

Du 2 au 9 octobre 2015, le FIFF souffle ses trente bougies. Les rédacteurs de Karoo sont présents toute la semaine pour offrir un regard sur une sélection de films. Retrouvez toutes leurs articles.

2007. André-Line Beauparlant, réalisatrice de documentaires, rend visite à son frère Éric, installé au Chili. La cinéaste en profite pour tenter de réaliser un portrait de ce frère excentrique, charmeur et marginal, éternel baroudeur dont la vie s’articule entre de longs mois en mer et des séjours aux quatre coins du monde.

2010. Montréal. André-Line Beauparlant reçoit un mystérieux appel d’un inconnu, lui annonçant que son frère a été arrêté au Brésil pour escroquerie et abus de confiance. En flirtant entre passé et présent, la documentariste va tenter de reconstituer le portrait d’un homme étrange et complexe, dont la nature réelle reste à jamais insaisissable.

La réalisatrice livre ici un sujet plutôt prenant de prime abord, en dressant le portrait d’un de ces étranges vagabonds des mers, ayant choisi de renoncer à toute vie normale pour se lancer dans une vie d’errance à travers le monde. La construction du film repose sur une alternance entre témoignages de proches, archives de famille, mais aussi confessions directes du Pinocchio en question. Il en résulte un portrait intime, certes, mais qui peine à être touchant.

Cette latence s’avère plutôt liée à la proximité qui existe entre la réalisatrice et son sujet. En choisissant son frère comme point de départ de l’enquête, André-Line Beauparlant se concentre tellement sur ses rapports à sa famille que le sujet s’éloigne de plus en plus de nous, plutôt que de nous plonger réellement dans les sentiments des personnes qui nous sont présentées. S’ajoute à cela un dernier « twist » maladroit qui décrédibilise la construction et l’intention initiale du documentaire, ce qui fait finalement penser que le « Pinocchio » dont il est question n’est pas le frère, mais bien la réalisatrice elle-même.

Même rédacteur·ice :

Pinocchio

Réalisé par André-Line Beauparlant
Québec , 2015, 74 minutes

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