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Sur qui peut-on vraiment compter dans la vie ? De cette question toute simple est né
Sur qui peut-on vraiment compter dans la vie ? De cette question toute simple est né
l’Invitation, second long métrage de Michael Cohen. Le film pose une problématique a priori banale qui touche chacun d’entre nous. Un film qui n’a l’air de rien mais qui fait du bien.
L’Invitationdébute en pleine nuit, lorsque Raphaël est réveillé par un appel de son meilleur ami Léo, qui annonce être tombé en panne et lui demande son aide. Raphaël a la ferme intention de se recoucher jusqu’à ce que sa femme le persuade de venir en aide à son camarade. Or, sur place, pas de panne, mais des bouteilles de champagne et une fête improvisée avec quelques amis. L’amitié de Raphaël comme celle des autres a été soumise à un test par Léo, qui prétexte la seule envie de passer du bon temps avec des personnes qui lui sont chères. De cette expérience va découler pour Raphaël une longue remise en question de son existence, de sa relation amoureuse, de sa conception de l’amitié. Combien de personnes sortiraient du lit au beau milieu de la nuit pour lui venir en aide ?
Si le style de réalisation reste assez standard et dans la lignée de bon nombre de comédies actuelles
1, chacun s’accordera à dire que l’atout majeur du film réside dans ses dialogues. Soignés, millimétrés, finement rôdés, ils sont l’œuvre de Cohen et de Nicolas Bedos, également acteurs principaux du film. Le second avait signé notamment le scénario et les dialogues d’
Amours et Turbulencesd’Alexandre Castagnetti en 2013, où l’on pouvait déjà distinguer sa patte intellectuelle si particulière et raffinée.
Autre détail qui frappe à l’écran : la complicité de ces deux hommes. Cohen et Bedos, Raphaël et Léo, le duo fonctionne à merveille. Complémentaires par leurs différences notamment, il s’agit de deux électrons libres. L’un est lunatique et souvent incompris, l’autre est vif et cultive le mot d’esprit pour épater l’auditoire. En termes d’interprétation, les deux acteurs collent à la peau de leur personnage, à moins que ce ne soit l’inverse. Il faut inévitablement s’attarder sur Nicolas Bedos, qui se construit un personnage à l’image de ses dialogues : cynique mais subtil, agaçant mais spontané. Bref, le genre de protagoniste qu’on a envie de détester mais qu’on ne peut s’empêcher d’admirer.
Revenons sur une scène importante du film, dans laquelle Raphaël et Léo se retrouvent pour la deuxième fois sur le bord d’une autoroute, cette fois dans le but de se dire leurs quatre vérités. Ils vont tour à tour procéder à une remise en question du comportement et du caractère de l’autre, et vont être interrompus à plusieurs reprises par des personnages extérieurs dont les interventions relèvent du comique de situation. Cette scène, pensée et écrite de façon théâtrale, est probablement la plus efficace du film, et témoigne une fois de plus de l’influence de Bedos, qui a déjà signé quatre pièces de théâtre dans sa jeune carrière. On retrouve dès lors dans cette fameuse scène plusieurs ingrédients qui constituent la substance de l’art scénique, notamment ces apparitions qui tiennent du vaudeville et ces quiproquos qui laissent hilare.
On reprochera tout de même un manque d’approfondissement de certains personnages secondaires, et notamment la femme de Raphaël, qui semble exténuée au moindre mot prononcé par ce dernier au début de l’histoire, puis éperdument amoureuse de lui à la fin, sans véritable raison apparente.
Enfin, on remarquera que l’Invitation verse à certains moments dans l’absurde, d’autres fois dans le sentimental, ce qui peut déstabiliser le spectateur, car on devine que le réalisateur lui-même ne sait pas très bien situer son film dans une catégorie bien précise. Il livre ainsi une comédie hybride, tantôt populaire, tantôt hermétique.