Le rap, un genre aujourd’hui dominant de la culture musicale française, a connu une mutation de fond et de forme ces dernières décennies. Il n’est plus au stade où il doit faire ses preuves, s’anoblir pour être pris au sérieux par les sceptiques, ni aborder des sujets politiques pour se faire entendre. Désormais les rythmes dansants et l’autotune peuplent nos radios comme nos playlists et les paroles s’alignent sur un ton plus léger. C’est exactement au creux de cette mutation que Ino Casablanca est né, et qu’il a fait naître son troisième album EXTASIA en octobre 2025. 

Adam, de son vrai nom, rencontre la musique à l’âge de 5 ans seulement grâce au violon. Ce même violon, que l’artiste considère comme un instrument majeur de la musique arabe, raconte déjà un peu ses origines. Ino Casablanca est né en Espagne et a passé son enfance entre son pays natal et le Maroc. Déjà à cette époque, Adam baigne dans la musique. Son père, figure primordiale de son apprentissage, lui ouvre les horizons vers une culture musicale riche en diversités. À 12 ans, il arrive en France et découvre le rap français. Et là, révélation, voire même fusion ! Ino Casablanca décide de ne pas diviser les genres mais de rassembler les cultures pour nous livrer un premier album en 2022 : DEMNA.

Depuis 2022, l’artiste n’a pas quitté le studio pour nous faire danser sur trois albums, dont deux parus en 2025. Afin de nous offrir cette recette teintée par ses cultures, Ino Casablanca assume à 25 ans le statut de rappeur-auteur-compositeur. À travers ces trois albums, on aperçoit une certaine mutation dans la musique de l’artiste. Son style nonchalant mais millimétré s’affute encore plus sur des mélodies tantôt planantes, tantôt effervescentes afin d’obtenir ce doux et rythmé équilibre que présente EXTASIA. Comme l’artiste le dit lui-même en interview, ce qu’il recherche dans sa musique c’est le plaisir simple de faire danser les gens.

À travers son identité visuelle, l’artiste affirme encore plus son style. Un style sans trop de surprise coloré. Vertes, jaunes, roses, ses esthétiques sont petillantes, presque kitchs. Elles goûtent l’été, la chaleur, la joie, ici encore tout est calibré afin de présenter un rendu léché en gardant toujours cette simplicité qu’on lui connaît. Pas de vantardise dans ses clips, une ambiance amicale, voire familiale y règne. Des trompettes, de la danse et des couleurs pops portées par des figurants de tous horizons, voilà un bon résumé.

Dans ce troisième EP, EXTASIA, Ino Casablanca reprend sa voix nonchalante et ses rythmes endiablés pour nous faire danser de la tête aux pieds. Dix titres de pur plaisir, avec deux feats bien calibrés dont un nous renvoie aux origines maghrébines de la musique de l’artiste (« MOULA SOLITUDE »). Ce dernier projet est plus affirmé que les deux autres, Ino Casablanca embrasse son amour pour les batteries presque saturées, il veut voir les gens sauter, crier, danser. Les sonorités en deviennent presque électroniques, comme dans le deuxième titre : « BISSAP DU 20ÈME ». Niveau texte, ce troisième album nous parle d’amour. D’amour pour les femmes, pour les mères et pour ses origines. Il signe d’ailleurs ce dernier projet avec le titre « PARAMOUR ». Il se livre aussi sur son parcours, son enfance dans le très bon « MOULA SOLITUDE ». Dans « FLOCAGE » il aborde ses origines sous un nouvel angle, la difficulté de porter cette identité racisée en France.

EXTASIA est un souffle chaud, une énergie bouillonnante et un rappel que dans le rap, et la musique en général, il faut s’amuser. Grâce à cet album, Ino Casablanca rend ses lettres de noblesse au plaisir simple du son, c’est-à-dire faire danser ! Si vous voulez bouger avec lui en concert, profitez des Nuits Bota au Botanique le 21 mai 2026 à Bruxelles. En général, tendez l’oreille car « Ino Casa qui l’arrête, j’ai des nouveaux flows qui arrivent¹ ».