critique &
création culturelle

L'année culturelle 2023

selon Pascale Fonteneau

Pascale Fonteneau, secrétaire générale adjointe de Indications, varie les plaisirs dans ses coups de cœur ! Cette année, c’est toute l’équipe d’Indications et Karoo qui vous livre ses musts culturels de l’année écoulée.

 

SHOUT SISTER SHOUT de Ghalia Volt

Shout Sister shout est le sixième album de Ghalia Volt, jeune musicienne et compositrice bruxelloise née à deux pas du Parvis de Saint-Gilles, mais dont l’âme et l’inspiration sont imprégnées du blues historique de la Nouvelle-Orléans où elle s’est installée il y a cinq ans. Concert après concert, Ghalia Volt s’est fait une place dans le monde des musiciens de Blues et elle sillonne désormais avec succès les plus célèbres festivals du Deep South américain. Hissé à la troisième place du Billboard Top Us Blues albums, Shout Sister Shout a été enregistré au studio Rancho de la Luna, face au parc de Joshua Tree (Californie), « au sommet d’une colline, sous les étoiles et aux sons des hurlements de coyotes ». Tout un programme. 

 

Et voilà le travail ! de Daniel Adam et François Houart

Sandra (Chloé Adam) est une jeune régisseuse stagiaire qui enchaîne les jobs pour remplir son frigo. Un soir, dans les coulisses d’un spectacle, elle entre en concurrence avec Jef, régisseur « officiel », très à cheval sur le respect des droits acquis après de longues luttes. L’occasion d’un échange édifiant sur l’évolution des droits sociaux dans une époque où règnent les flexy jobs et autres livreurs de repas en vélo. Et voilà le travail !, écrit (et joué) par Daniel Adam et François Houart de la Compagnie Maritime, était programmé en octobre à la Tricoterie par le « Festival du Théâtre action 2023 », l’occasion de s’interroger (sourire aux lèvres) sur les dérives de notre temps. Pour info, le texte Et voilà le travail ! est disponible aux éditions du Cerisier.

À pied d’œuvre de Franck Courtès

Pendant plus de vingt-cinq ans, Franck Courtès, photographe réputé, a fait mille rencontres et plusieurs fois le tour du monde avant que le tout numérique et les exigences des éphémères starifications le poussent à se détourner de la photo au profit de l’écriture. Après plusieurs romans et recueils de nouvelles publiés chez Gallimard, constat est fait qu’à la différence de la photo, cette renommée littéraire ne gonfle pas son compte en banque. Après avoir vendu tout ce qu’il pouvait, la nécessité le pousse vers les plateformes où sont proposés divers travaux (chichement) payés à l’heure ou à la journée. À pied d’œuvre est le récit de cet acharnement à s’offrir coûte que coûte du temps pour écrire. Le ton, souvent désabusé, devient percutant quand il décrit les dérives de ces plateformes. À la fois drôle et radical.

Les Pieds sur terre

Au milieu de la jungle des podcasts brille une pépite appelée Les Pieds sur terre, émission documentaire produite par Sonia Kronlund et diffusée tous les après-midis sur France culture. Sans commentaire, chaque épisode nous fait découvrir des coins inattendus de notre société (et sûrement de nous). C’est formidablement intelligent et formidablement addictif. À chaque saison (cinq déjà), une playlist des morceaux ponctuant les épisodes est publiée. Son éclectisme témoigne de la richesse des thèmes abordés. Alors, fermez les yeux et voyagez !

L’immortalité chimérique de Camille De Taeye & La Pierre d’Alun, 40 ans de mots & images à Wittockiana

Jusqu’au 24 janvier 2024, la Wittockiana, musée des arts du livre et de la reliure de Bruxelles, propose une rétrospective des 40 ans des éditions de la Pierre d’Alun. Images et textes assemblés par Jean Marchetti, impertinent coiffeur, collectionneur et éditeur audacieux. Au même endroit sont rassemblés des lithographies, manuscrits et peintures de Camille de Taeye (1938-2013) artiste bruxellois à l’humour corrosif : « On trouve toujours dans mes peintures quelque chose d’interdit et de la provocation ». Les œuvres de Camille de Taeye ont été exposées dans le monde entier, mais une de ses création (Cheval d’Octobre) orne la station de métro Eddy Merckx et beaucoup d’autres sont à découvrir à la Bibliothèque Wittockiana, lieu étonnant niché dans le parc des étangs Mellaerts à Woluwe-Saint-Pierre (rue du Bemel, 23). Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 17 heures.

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