critique &
création culturelle

Le Terrarium dans mon tiroir

aux origines de Gloutons et Dragons par Ryoko Kui

Ryoko Kui, autrice de Gloutons et Dragons, revient chez Casterman avec un recueil de nouvelles. À travers 33 microrécits éclectiques, Le Terrarium dans mon tiroir nous emporte dans l’univers foisonnant de son autrice. Une lecture effrénée qui zigzague entre Japon médiéval, mondes futuristes et univers fantastiques.

Le Terrarium dans mon tiroir rassemble une trentaine d’histoires courtes, voire très courtes, toutes assez hétéroclites. Un format bien différent de Gloutons et Dragons, la longue série heroic-fantasy et gastronomique qui a révélé Ryoko Kui aux yeux du monde entier. Au moyen de ces micronouvelles, la mangaka explore les registres de la science-fiction, du fantastique ou simplement du quotidien, saupoudrés d’un humour absurde.

La dessinatrice adapte son style au ton de chaque histoire. Larges yeux de faon à la Lady Oscar lorsqu’il s’agit d’une romance, style semi-réaliste aux ombres hachurées pour un drame, et lignes claires lors de courtes pages de gags. Son trait épuré se retrouve dans plusieurs des récits d’anticipation, de même qu’un petit objet en forme de baguette qui, posé sur le nez, permet de régler les conflits. En l’espace de quelques pages, l’autrice réussit habilement à créer des univers uniques et souvent très étranges. L’on pense notamment à ce monde où existent des êtres humains au format réduit, qui sont adoptés comme des animaux domestiques. Un autre récit imagine le travail de père Noël mis à l’échelle d’une grande entreprise qui emploie des centaines d’hommes barbus à travers le monde.

En se penchant sur la carrière de Ryoko Kui, l’on comprend rapidement le contexte derrière cette anthologie. Elle sort en 2013 au Japon, soit un an seulement avant la parution du premier tome de Gloutons et Dragons. Les microrécits « L’écaille faible du dragon » et « Le crabe du Kamtchaka » sont tous deux annonciateurs des thèmes de la série, avec un mélange entre la cuisine et des animaux légendaires voire effrayants.

C’est certain, l’imaginaire de Ryoko Kui est foisonnant, et son habileté à passer d’un monde à l’autre tout aussi impressionnante. Toutefois, plusieurs récits proposent une chute décevante ou pas toujours compréhensible. Peut-être ne les ai-je pas comprises, ou s’agit-il de difficultés de traduction ? Les histoires de deux à dix pages s’enchaînent sans réelle logique, ce qui rend la lecture un peu décousue. Ce manque de cohérence laisse penser au lecteur qu’il s’agit d’une compilation aléatoires d’histoires courtes, qui ont pour point commun le seul fait d’avoir été écrites avant Gloutons et Dragons.

Le Terrarium dans mon tiroir

de Ryoko Kui
Traduit du japonais par Sébastien Ludmann
Casterman (Sakka), 2025
224 pages

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