Après avoir écrit au sein de notre équipe de rédacteurs chez Karoo, Marie Claes s’est lancée dans l’écriture de son premier roman. Dans ce livre, l’auteure nous raconte l’histoire de deux combats : celui d’une jeune adolescente avec son corps, qu’elle ne supporte plus ; et celui d’une mère avec sa fille, se battant pour faire comprendre leurs différents points de vue, persuadées toutes deux d’avoir raison.
Une femme doit, dit-on, consommer 2000 kcal par jour. (…). Ce chiffre de 2000 lui paraît donc tout à fait adaptable à la baisse, l’objectif étant en outre de sculpter une silhouette plus acceptable pour son mètre soixante-cinq, elle peut tabler sur du, quoi, 1700 kcal, 1600 dans les bons jours, oui, c’est une bonne moyenne.
Annabelle est une jeune fille de 16 ans. Et comme beaucoup de filles de son âge, elle a un objectif en tête : être légère . « Annabelle ne s’inflige pas une privation, elle se prescrit un traitement. » Le monde lui est devenu insoutenable, et son corps la dégoûte. Elle est alors persuadée qu’elle doit se purifier, que sa manière de faire est la bonne, et que tous les gens autour d’elle s’y prennent mal. Dans ce premier roman, Marie Claes reprend tout ce parcours de « purification » d’Annabelle, son obsession pour la nourriture, ou carrément pour le comptage des aliments, et les réactions de ses proches, impuissants face à tous ces changements entrepris par la jeune fille.
Dès le début du livre, une seule conséquence face à son comportement nous semble possible : l’anorexie. L’auteure développe alors toutes les étapes par lesquelles passera Annabelle. Si au départ l’adolescente ne semble que vouloir améliorer la manière dont elle se nourrit, en supprimant la viande et en diminuant le sucre, elle atteint très rapidement un point de non-retour dans sa descente aux enfers. Son obsession maladive pour le mieux/moins manger est si bien décrite que cela en devient presque angoissant. « Ce n’est pas la peur de grossir, c’est même plutôt le contraire : c’est le plaisir de maigrir, un vrai plaisir de drogué accro. »
Avec une écriture simple et parfois ironique, en utilisant à chaque fois les mots justes, l’auteure nous permet tout aussi bien de suivre Annabelle dans son délire obsessionnel pour la nourriture, que de ressentir les inquiétudes de son entourage. En particulier Violette, sa mère, complètement désespérée et dépassée par la situation, qui essaie tant bien que mal de réagir de manière adéquate face à l’état d’esprit et au corps changeants de sa fille. Au départ, on aimerait presque la secouer en lisant son impuissance et sa non-réactivité lors des premiers changements visibles chez sa fille, mais à côté de cela, on ne peut que compatir face à la situation délicate dans laquelle elle se trouve.
Ce qu’on apprécie dans ce livre, c’est qu’on y retrouve absolument aucun jugement. On y découvre uniquement des faits : la transformation physique d’une jeune fille, persuadée qu’elle se purifie en se nourrissant peu, voire pas, et les inquiétudes d’une mère impuissante.