Quand ses parents décident de quitter la ville pour s’installer dans une ferme en ruine, Catherine Meurisse entame une grande aventure : celle de grandir à la campagne. Dans Les Grands Espaces elle renoue avec le monde de son enfance et se réinvente petite fille. Elle met en scène la jeune Catherine qui pousse au rythme des boutures, aux côtés de ses parents jardiniers-bâtisseurs et de sa soeur, passionnée de lecture.
Les Grands Espaces est une autobiographie romancée avec fantaisie. C’est un récit initiatique qui peut être lu comme un conte philosophique. L’auteure plonge avec tendresse dans les premières années de sa vie et réincarne une part d’elle-même : l’esprit joyeux d’une enfant qui côtoie les plantes, les vieilles pierres, l’art et la littérature. Au fil des planches, la fillette apprend l’observation, le rêve et la liberté, elle découvre le monde à partir de son jardin.
Inspiré par le romantisme et la beauté de la nature, éloge de l’insouciance et de l’imagination, ce livre n’en est pas moins pétri de réalité. En bonne dessinatrice de presse et ancienne de Charlie Hebdo, Catherine Meurisse révèle aussi le contrepoint de son petit paradis : elle n’oublie pas de dénoncer les méfaits de l’agriculture intensive et sait tourner en dérision le monde des adultes et la politique locale.
C’est aussi l’histoire d’une dessinatrice. Catherine petite rêvait de marcher dans les pas des grands maîtres, heureuse de peindre « du lierre et des éboulis ». En grandissant, elle trouve son bonheur dans la caricature. Ici, elle dessine au crayon, un instrument simple et organique qui s’accorde parfaitement à son propos, donnant de la matière et du vivant à la grande sauge des prés, aux campanules, aux tournesols qui doivent aussi beaucoup à leur mise en couleurs.
Les Grands Espaces , un album sensible et profond, empreint d’humour et de poésie botanique.