critique &
création culturelle

Mars Express

Batterie faible

Anima, le festival de cinéma d’animation bruxellois, a ouvert ses portes du 23 février au 3 mars 2024. Pour ouvrir le bal en grandes pompes, Anima a projeté Mars Express de Jérémie Périn, un long métrage d'animation français très attendu, qui sort en salles le 20 mars prochain. Entre roman noir et science-fiction Mars Express se cherche encore dans ce qu’il veut raconter.

En 2200, Aline Ruby, détective privée, et son collègue androïde Carlos Rivera, se voient confier une enquête par un riche entrepreneur en cybernétique. Leur mission : appréhender une hackeuse professionnelle qui libère les robots du joug de leurs propriétaires.

Mars Express nous présente dès le début du film ce nouveau monde dystopique où les planètes de notre système solaire ont été colonisées par l’Homme. Mars semble être devenu une oasis pour entrepreneurs, diplomates et familles aisées. Le film met tout de suite en exergue le fait que, dans ce futur plus ou moins proche, les inégalités entre les humains se polarisent de plus en plus. La Terre comme on la connaît semble habitée seulement par les parias de la société, entre sdf et délinquants. Mars Express nous plonge directement dans cet univers en présentant gadgets, robots et autres innovations technologiques.

Mars Express est un mélange de film d’anticipation, de thriller et de film noir. Avec une histoire assez rectiligne, le long métrage regorge de références à Blade Runner, Avatar ou encore Robocop. Le rythme général assez lent permet à l'œil du spectateur de se perdre sur chaque détail, plus spécialement dans les plans larges qui viennent de temps en temps apporter « cet effet wow », dans les déplacements des personnages au sein de l’univers.

Ne nous méprenons pas, le film n’est pas lent en lui-même : le rythme des évenement est bien assez soutenu pour maintenir le spectateur intrigué. Cependant, le style graphique très épuré rend malheureusement aseptisé et un peu monocorde ce monde supposé nous surprendre. Malgré son aspect très léché et précis, le style graphique n’arrive pas à transmettre les sensations que peuvent ressentir ou toucher les personnages, ce qui rend cet univers un peu trop distant et artificiel.

Toutefois, l'animation bien rodée en général est très convaincante, tout spécialement dans certaines interactions, où le jeu des expressions et des regards porte admirablement le ressort comique entre les personnages. Malheureusement, ces moments comiques finissent eux aussi par sonner creux à la longue, car les personnages manquent d’intensité, de saveur.

Le problème n’est pas celui des acteurs mais plutôt d’un manque de profondeur dans la présentation du monde et de ses personnages. Assez en tout cas pour qu’on comprenne leurs origines, leurs intentions et leurs traits de caractère principaux. Mais pas assez que pour nous y identifier ou les prendre en affection. Ainsi Adeline Ruby nous est introduite comme impétueuse et forte de caractère mais n’est finalement que très rarement piquante ou insurgée. Ou encore cette lointaine guerre dont on entend parler qu’une fois malgré l’impact que celle-ci est censée avoir eu sur la civilisation humaine. Bref, on y croit malheureusement pas sur un peu trop d’aspects.

Tous ces soucis de narration très floue n'aident pas le spectateur à vivre ce Mars Express pleinement avec les héros. Finalement on ne perçoit plus qu’un scénario qui s'envole, sans nous.

Même rédacteur·ice :

Mars Express

Réalisé par Jérémie Périn

France, 2023

85 minutes