Monuments Men : faut-il sauver
Dans son nouveau film, George Clooney s’intéresse à une facette méconnue et pourtant véridique du second conflit mondial : les Monuments Men. Alors que les Américains endossent leur costume préféré, celui de sauveur du monde libre, Clooney, lui, se perd en Europe.
Sur fond de tensions russo-ukrainiennes, et alors que Barack Obama vient d’affirmer, à Bruxelles, que les frontières européennes ne pouvaient être redessinées par la force, George Clooney vient nous rappeler que, sans les Américains, l’Europe ne serait pas ce qu’elle est.
Clooney s’inspire de l’ouvrage homonyme de Robert M. Edsel et Bret Witter : l’histoire vraie d’un groupe d’experts chargés, à la toute fin du conflit, de protéger et de restituer les œuvres d’arts confisquées aux musées et collections privées par les nazis.
Des soldats défenseurs des arts, ça étonne, et ça intrigue !
Franck Stokes (Georges Clooney) est donc chargé par Teddy Roosevelt de rassembler un groupe d’hommes capable de remettre la main sur les chefs-d’œuvre européens pour les restituer à leurs propriétaires.
Petits soldats de bois …
Un instant, surgit l’image du commando de mercenaires badass, débarquant en Europe pour s’attaquer aux spoliations nazies, façon Inglourious Basterds . Sauf que la bande de Tarantino, c’étaient de vrais durs. Ici, on a affaire à un petit groupe d’intellos hétéroclites (collectionneurs, historiens, architectes ou conservateurs de musée) au charisme inégal.
Alors, forcément, ça manque de rythme, de punch, et de testostérone. Et ça, dans un film de guerre américain, ça fait tache.
Et ce ne sont pas les Ray-Ban et le look de vieux beau gominé de Clooney, ni le sourire Colgate de Dujardin, qui y changeront quelque chose. D’ailleurs Jean Dujardin interprète le seul Frenchie de la bande. Jusque-là, pas de quoi grimper au plafond. Oui, mais un Frenchie à l’américaine : enjôleur, badin, un rien frimeur, et tout cliché. Heureusement, il disparaît assez vite dans une scène de larmes plutôt longue, mettant fin au supplice des spectateurs en même temps qu’à celui du Français à l’écran.
Cate Blanchett semble souffrir du mal inverse : incapable de se mettre dans la peau de la conservatrice du musée du Jeu de Paume : le style secrétaire rigide anglo-saxonne sied mal à une gardienne de musée parisienne. Dans cette distrib’ pléthorique seuls Matt Damon et Bill Murray s’en sortent dignement, sans vouloir en faire trop.
… cherchent leur souffle !
D’ailleurs, trop, c’est trop ! C’est le plus gros reproche qu’on puisse faire à la dernière réalisation de l’égérie de Nespresso. À force de se battre sur tous les fronts, on finit par perdre toutes les batailles, et au final, la guerre.
L’acteur-réalisateur tenait presque une super course-poursuite après des nazis en déroute, détruisant dans leur fuite toutes les œuvres amassés. Il préfère diluer son suspense et le sentiment d’urgence dans des scènes inutiles, sentimentalistes et compliquées. Clooney perd le fil en tentant, vainement, de nous faire comprendre que ses Monuments Men étaient aussi des soldats comme les autres, souffrant de l’éloignement d’avec leurs familles et de leur prise de position dans le conflit.
Peut-être conscient de l’essoufflement de son tempo, George Clooney vient y ajouter, in extremis, une course de vitesse avec les Russes. On ne comprendra d’ailleurs jamais vraiment ni leur rôle ni leurs intentions dans cette étrange chasse aux trésors artistiques.
Que c’est poussif !
Le film de Georges Clooney prend l’eau, et le réalisateur boit la tasse (à café ?) avec ses spectateurs.
En définitive, si un jour l’humanité a de nouveau recours à des Monuments Men pour sauver son patrimoine culturel, pas certain que les gars risquent leur peau pour les bobines de Clooney…
https://www.youtube.com/watch?v=kQYLRIcwl0g