Office - Titre provisoire
Hystérie managériale
Forme courte de théâtre sans parole, présentée comme étape de travail lors de jeunes festivals bruxellois par des élèves-comédien·nes de talent, Office - Titre provisoire est un spectacle délirant et survolté sur le monde de l’entreprise et la vie de bureau.
Un open-space. Un afterwork. Un happiness manager, ou quelque chose du genre. Des plantes vertes en plastique. Une machine à café. Celles qui fonctionnent avec des capsules, ou quelque chose du genre. Et par-dessus tout ça, le chaos le plus total.
Tic, tac. Tic, tac. Tic, tac. La pièce s’ouvre sur une scène millimétrée, métronomée. Tic, quelqu’un racle sa chaise. Tac, tout le monde compulse des dossiers. Tic, on pianote frénétiquement sur son clavier d’ordinateur. Tac, on prend des notes dans son agenda. Tic, tac. Tic, tac. Tic, on renverse son café. Tac, on essuie le café avec des dossiers. Tic, on fond en larmes. Tac, on jauge, on scrute, on se compare. Tic, on mange des pâtes avec les doigts. Tac, on chante une berceuse à une capote. Tic, une lutte contre du papier collant. Tac, une cover d’Elvis.
Tout va très vite. Chaque itération du cycle augmente le degré de folie de la pièce. Ce qui était il y a un instant un bureau impeccable est maintenant sens dessus dessous. Mais tout va peut-être trop vite. Peut-être que la folie monte trop tôt, et que la pièce s'essouffle dans son dernier tiers. Peut-être. Peut-être que le choix du théâtre sans parole, très fécond dans les moments chorégraphiés de danse-théâtre, se perd dans les moments de chaos. Peut-être. Peut-être y manque-t-il le discours. Un propos, sur le monde du travail, sur les rapports de domination camouflés, sur les bullshits jobs. Sans vrai texte, la référence au travail ne peut être qu’un prétexte. Un cadre d’exploration de danse-théâtre, certes prolifique et riche, mais qui finalement ne peut sonner qu’un peu vain et facile sans propos de fond.
Les acteur·ices sont talentueu·x·ses, à n’en pas douter. Leur travail du corps est vraiment impressionnant, et très certainement formateur pour la suite de leur carrière. Il faut souligner le travail de mise en scène d’Alexandre Moxhet et de Lara Van Essche, de chorégraphie et de décors, là aussi remarquable. Mais il me manque encore ce que dénonce la pièce pour l’aimer tout à fait.