Rencontre mystérieuse avec Mithra
Depuis quelques mois, les occasions de croiser une affiche « Le Mystère Mithra. Plongée au cœur d’un culte romain » se multiplient, suscitant la curiosité. Quoi de plus naturel alors que de se rendre au Musée royal de Mariemont afin de lever le mystère ?
De la fameuse drève de Mariemont à la porte du musée, bâtiment particulier et vestige du château de la famille Warocqué, modernisé au fil du temps, il est aussi facile d’être dépaysé qu’une fois dans l’exposition consacrée au mythe de Mithra . Relativement inconnu au bataillon, ce dieu venu d’Orient se voit consacré un étage complet du musée. C’est alors en tant que visiteur qu’on fait sa connaissance, depuis son origine jusqu’à ses adaptations contemporaines au cinéma notamment.
Le culte de Mithra se construit donc autour de sa personnalité. Présenté comme étant à l’origine du monde tel qu’on le connaît, le dieu était déjà présent dans d’autres cultures, notamment dans la Perse antique, avant d’exercer une importance capitale dans la Rome antique. Selon le mythe, cet enfant né d’une pierre sacrée a sacrifié un taureau, lequel représentait le mal, et a ainsi permis de faire jaillir la vie du sang de la bête. Un chien et un serpent viennent alors boire ce sang, un scorpion s’en prend aux testicules du taureau et un lion se trouve représenté également. Dans l’exposition, on ne précise toutefois pas quels sont les rôles symboliques de ces animaux.
Un point sur lequel les sources tendent à s’accorder est l’impact que le dieu a eu au sein de l’Empire romain entre le premier et le quatrième siècle de notre ère. En effet, nombreux sont les spécialistes qui tendent à penser que la figure de Mithra aurait pu détrôner celle de Jésus Christ, tant mithraïsme et christianisme se concurrençaient à l’époque. S’intéresser à une telle figure, c’est se laisser transporter dans une réalité alternative où tous les codes hérités de la tradition judéo-chrétienne n’existent pas. Effectivement, l’exposition, tout en levant le voile sur un mythe trop peu populaire, nous interroge subtilement : où en serions-nous si le mithraïsme avait supplanté le christianisme ?
Le culte de Mithra était toutefois relativement secret . Il se célébrait donc à l’abri des regards indiscrets. C’est ainsi que, durant la visite de l’exposition, on peut être plongé dans une sorte de grotte voûtée et éclairée seulement de petites pointes de lumière, rappelant les lieux où se rassemblaient les fidèles. Seuls les adeptes du dieu pouvaient partager les banquets en son honneur. Ceux-ci tenaient lieu de reconstitution du repas qui scelle la réconciliation de Mithra et du dieu Soleil, à la suite de leur combat. On note d’ailleurs que beaucoup de ces adeptes faisaient partie des soldats romains. Au cours de la visite de l’exposition, l’attention est également attirée vers ces groupes, disciples de Mithra. En fonction de leur ancienneté au sein du culte, les membres du culte recevaient un titre particulier dont ils se voyaient assigner les attributs selon qu’ils étaient Corbeaux, Perses, Lions…
Si cette exposition fait voyager dans une autre époque de notre histoire, c’est aussi grâce au soin qui a été pris pour permettre une immersion dans cet univers peu connu. Petits et grands devraient trouver de quoi répondre à leurs attentes. Les gravures de stèles ou de bas-reliefs sont illuminées de façon à pouvoir les lire plus facilement, des vidéos simplifiées racontant le mythe accompagnent des lectures qui peuvent refroidir certains visiteurs, des panneaux tactiles permettent des compléments d’informations tout en changeant l’ambiance lumineuse de la pièce… Bref, tout est mis en place pour satisfaire chacun. De plus, des jeux sont proposés aux plus petits, de façon à les tenir en éveil tout en apprenant ce qui constitue ce fameux mythe mystérieux. Pour les plus grands, une bière blonde Mithra a été brassée afin d’ajouter le goût à cette expérience déjà multisensorielle !
Visiter l’exposition dédiée à Mithra, c’est aussi une occasion de se perdre dans les autres salles du Musée royal de Mariemont. On y trouve des collections sur les thématiques de l’Égypte, de l’Orient, de la Chine, du monde gréco-romain… mais aussi des collections plus locales qui retracent l’histoire de la région, et celle du château de Marie de Hongrie, à qui appartenaient le domaine, initialement destiné à la chasse, sur lequel se trouve à présent le musée dont l’architecture témoigne à la fois des vestiges de ce château, mais également d’une contemporanéité assumée.
Enfin, une visite au Musée royal de Mariemont s’accompagne inévitablement d’une promenade dans le parc qui l’entoure. On se laisse déambuler dans une nature renaissante, entre les arbres de toutes essences. De quoi prolonger un moment déjà réussi !