critique &
création culturelle

    Rétrospective culturelle 2022

    Les coups de cœur de Louise Valin

    2022 a été un riche marathon d’événements culturels. Sans jamais perdre de vue le message de chaque œuvre, je me suis laissée porter par les émotions.

    Le Lycéen , de Christophe Honoré (novembre 2022)

    Présenté par Pink Screens , le festival du film queer de Bruxelles, Le Lycéen a résonné en moi pendant des semaines. Il dresse un portrait parfaitement juste, et par conséquent saisissant, d’une adolescence traumatisée. « Je m’appelle Lucas, je suis lycéen, et ma vie est devenue une bête sauvage ». Interne dans une province doucement clichée, le jeune homme devient une bombe à retardement à l’annonce du décès de son père. L’ayant lui-même perdu à l’âge de 15 ans, Christophe Honoré recrée l’ambiance de ses souvenirs dans un environnement actuel. Avec des tenues anachroniques, une bande-son d’époque et une colorimétrie rosée, 2022 semble se confondre avec les années 1980. Il traduit avec fidélité et sans préjugés la souffrance psychologique liée à un deuil. C’est l’histoire d’un adolescent de 17 ans qui lutte contre ses démons. C’est l’histoire d’une famille réunie par la mort. C’est l’histoire d’une jeunesse qui s’estompe dans la fumée de cigarette, mais qui voit la lumière au bout du tunnel.

    Santa Barbara , de Diana Markosian, FOMU Anvers (avril 2022)

    Diana Markosian est une artiste américaine d’origine arménienne. Utilisant la photographie et la vidéo, elle présentait pour la première fois en Europe son exposition Santa Barbara au Fotomuseum d’Anvers . Inspiré du nom du premier programme télévisé américain diffusé dans son pays, ce projet retrace la quête de sa mère vers les États-Unis, emportant ses deux enfants loin de la pauvreté de l’Union Soviétique. L’artiste s’approprie complètement l’Histoire, son histoire, faisant voyager le visiteur dans un univers monté de toutes pièces : elle rédige un scénario et engage des acteurs qui apparaissent sur les photographies, les témoignages et le film. Elle y mène une profonde introspection entrelaçant souvenirs réels et imaginaires. Le travail, d’apparence documentaire, prend tout son sens lorsque l’on suit chronologiquement les cartels. L’artiste nous offre une autre dimension de ce style photographique, questionnant ainsi ses limites. Diana Markosian nous raconte aussi, à travers sa scénographie rose bonbon, l’illusion du rêve américain en décalage avec la réalité à laquelle les immigrants sont confrontés.

    Créé par Lili Mirezmoi à Bruxelles en 2015, le Sassy Cabaret est un véritable spectacle mêlant  burlesque, drag, chant, cirque ou encore pole dance. Revenant cette année dans le cadre du mois des fiertés Lgbtqia+, la troupe propose un show où chaque numéro raconte une histoire personnelle en mettant en avant une discipline. Guidés par deux présentateur.rice.s, on passe du rire aux larmes dans un discours toujours engagé. Malêtre de l’artiste, protestation Act-Up, vie de mère : de nombreux sujets sérieux sont abordés, sous le prisme de l’humour et des paillettes.

    Féminisme et réseaux sociaux, Une histoire d'amour et de haine , de Elvire Duvelle-Charles (février 2022)

    À l’origine du compte Instagram militant et informant sur le féminisme, la sexualité et l’activisme @clitrevolution , Elvire Duvelle-Charles publie en février l’essai Féminisme et réseaux sociaux aux éditions Hors d’atteinte . Tentant de comprendre comment les réseaux sociaux peuvent autant sauver que détruire des vies, elle parvient à toucher de nombreuses questions inhérentes au féminisme d’aujourd’hui. Peut-on militer sur internet ? Quelles en sont les limites ? Elle y propose une enquête ponctuée de témoignages, références et expériences personnelles riches. Algorithmes, cyber-harcèlement, partenariats : ce nouveau féminisme qui se consomme comme de la fast-food peut rapidement être empoisonné. Dans ces espaces d’expression échappant totalement à la loi, ce sont ceux qui les possèdent qui fixent les règles. L’autrice nous permet, tout au long de la lecture, de prendre du recul sur le monde addictif et pourtant si trompeur des réseaux sociaux. En revenant sur les débuts du féminisme sur internet, Féminisme et réseaux sociaux constitue également une base culturelle facile d’accès.

    Lous and the Yakuza, live au Botanique (19 juin 2022)

    Ce dimanche soir-là au Botanique, Lous and the Yakuza enflamme la scène de ses paroles que le public chante par cœur. Elle y présente ses titres phares et dévoile quelques exclusivités de son nouvel album IOTA , pour le plus grand bonheur des fans. Dans un décor simple et une configuration modeste, l’ambiance est pourtant chaude et mouillée. La chanteuse et ses musiciens offrent un véritable show live à un public bruxellois unit que Lous connaît bien, puisqu’elle a passé une grande partie de sa vie dans cette ville. Traitant de traumatismes d’enfance, d’agressions sexuelles, de relations toxiques ou simplement d’amour, la Congolaise sait tenir ses spectateur·ices en haleine, rythmant la soirée de moments d’émotion et de danse intense.

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