FLCL (Fooly Cooly)
Séries animées # 8
Cet été, Aylin Manço nous guide dans la jungle des séries animées. Objectif : faire le tri parmi la multitude de propositions. Dernier épisode: FLCL ou Fooly Cooly , une série difficile à pitcher…
Naota, douze ans, n’a que des ennuis. Il habite dans une ville dominée par une énorme usine en forme de fer à repasser dont les propriétaires sont probablement maléfiques, son père est un idiot immature et il a une relation compliquée avec Mamimi, l’ex de son grand frère. Puis Haruko, une extra-terrestre, déboule en vespa et le frappe à la tête avec une guitare basse. Suite à ça, il se paye une énorme bosse, qui ne cesse de grandir jusqu’à exploser : il en sort des robots.
Je m’arrête là : vous l’aurez compris, cette série est impossible à pitcher. Le monde de FLCL (on prononce Fooly Cooly) est confus et profondément absurde. Tout est centré autour de Naota et les perturbations de son quotidien suite à sa rencontre avec Haruko l’extraterrestre.
J’ai envie d’écrire, comme Rimbaud dans la lettre présentant sa poésie au Professeur Isambart : « Ça ne veut pas rien dire. » FLCL , ça paraît incompréhensible mais ça ne veut pas rien dire. C’est l’une des représentations les plus poignantes de la puberté que je connaisse.
Le but n’est pas de suivre l’intrigue, et vous ne comprendrez pas tout après la première vision des six épisodes. (Ni après la deuxième, d’ailleurs.) Cette série est conçue comme une expérience plutôt qu’une histoire, de la même façon qu’un clip vidéo diffère d’un film. Elle retranscrit un sentiment plutôt que des idées cohérentes.
Comment est-ce que vous vous sentiez à douze ans ? Quand le monde semblait régi par des règles obscures qui changeaient chaque fois que vous pensiez les maîtriser ? Quand vous étiez foudroyés vingt fois par jour par des pulsions trop grandes pour vous ? Quand vous étiez en colère contre le monde entier en permanence mais sans trop savoir pourquoi ? FLCL , ça parle de tout ça.
Même sans fil conducteur clair, FLCL a suffisamment de qualités pour vous garder scotchés. Le style graphique est fluide et changeant : on passe d’un animé classique à du dessin manga, à du style South Park, puis à du cartoon américain type Tom et Jerry. La réalisation est vertigineuse : on est bien loin des animés produits à la chaîne avec juste la bouche des personnages qui bougent. La musique, écrite par le groupe de rock alternatif the pillows (tout en minuscule) spécialement pour l’animé, s’accorde parfaitement avec l’image.
On ne comprend pas tout mais la magie opère. On s’attache très vite aux personnages, surtout à Naota, qui est totalement perdu mais fait de son mieux. Dans chaque épisode on retrouve des scènes étonnamment touchantes (et puis un robot bouffe Naota, et c’est à nouveau le bordel).
FLCL n’est clairement pas pour tout le monde, mais si vous aimez les dessins animés et que vous voulez passer une soirée sur une autre planète, je vous le recommande chaudement.
Par où commencer ?
Le début ! C’est 6 épisodes de 23 minutes, pas beaucoup plus long qu’un film.