Don’t Touch My Hair de Solange
This is your song (73)
Une chanson, illustre ou inconnue, c’est le principe plus de cent fois renouvelé de This is your song.
Reconnue des amateurs de R&B et de Neo Soul, Solange n’a jamais eu un impact comparable à celui de sa grande sœur Beyoncé, mais n’en est pas moins une artiste indéniablement douée qui avance à son propre rythme.
Cependant, si Solange n’est pas Beyoncé et réciproquement, on ne peut pourtant pas nier que les frangines Knowles partagent une conscience politique et culturelle commune. Quelques mois après la sortie de Lemonade , dernier opus de Queen B., la cadette dévoile A Seat at the Table, un cadeau aussi bienvenu qu’inattendu et porteur d’un message sensiblement similaire adressé à la communauté noire américaine.
En effet, dans un contexte racial pour le moins tendu, entre bavures policières, provocations politiques réactionnaires et boycotts, Solange s’invite, elle aussi, à la table des revendications. Au beau milieu d’une tracklist consacrée à la réappropriation identitaire trône Don’t Touch My Hair , un hymne à la fois pro-black et féministe.
Dans ce clip très stylisé, Solange nous chante les raisons pour lesquelles un geste, à première vue anodin, comme le simple fait de sentir une main inconnue passer dans sa tignasse frisée, tressée, ou même lissée est ressenti comme une agression, une intrusion, un manque de respect. Au-delà de la frustration légitime de se voir gâcher le résultat d’un exercice matinal délicat, les cheveux représentent bien souvent pour la femme noire ou métisse (et pour l’homme aussi d’ailleurs) une extension de l’être. Un prolongement de l’âme, de la personnalité, parfois affirmée de manière carrément artistique, et nullement le pelage d’un animal de compagnie porte-bonheur que l’on caresserait comme les fesses de la statue Maca de Wavre.
Don’t Touch My Hair pourrait donc tout aussi bien résonner au-delà des frontières états-uniennes. Partout ailleurs où la tradition capillaire d’origine africaine est considérée comme une curiosité tantôt clownesque, tantôt subversive (coucou la Pretoria Girls High School), ou plus largement, partout où l’on dit aux femmes comment s’habiller où se coiffer.