Visions
De l’amourette à l’obsession
Visions est le nouveau film de Yann Gozlan, un réalisateur français ayant reçu le prix du public au festival d’Angoulême avec son précédent film, Boîte Noire. Le réalisateur nous conte l’histoire d’infidélité chaotique et intense d’Estelle.
Estelle est pilote de ligne, elle entretient une relation parfaite avec Guillaume, son mari chirurgien. Lors d’un trajet dans le couloir d’un aéroport, elle recroise son ancienne amante, Ana. Sa vie et sa santé mentale n’en sortent pas intactes…
L’obsession pour les formes circulaires et dérangeantes prend énormément de place à l’écran. Tous les plans sont spéciaux et créent un malaise chez le spectateur. L’effet passe par l’obsession autour de l'œil : des gros plans sur les vaisseaux sanguins et les pupilles. Ces détails font ressentir une véritable oppression comme si le spectateur était observé constamment. Ce côté gênant rend le film intense et permet de se plonger profondément dans l’esprit des personnages principaux. Comme une évidence, la vision tient une place importante grâce aux plans qui reflètent l’état sentimental des personnages. D’autre part, le réalisateur joue avec les matières telles que le verre, les végétations, les murs, … Une salle de bain vitrée, les plantes qui prennent le dessus dans une villa abandonnée, les murs fissurés qui laissent passer un œil, tous ces exemples prouvent que le réalisateur joue avec les détails.
Dans ce récit explosif, nous retrouvons les talentueux Mathieu Kassovitz et Diane Kruger. Leur couple est ravissant et plein d‘amour tout du long, de A à Z, malgré les différentes étapes de l’obsession maladive d’Estelle. Un amour qui pousse Guillaume à dépasser les bornes pour tenter de sauver sa bien-aimée. C’est beau mais malsain ! Estelle pousse elle aussi les limites de l’obessession en devenant presque folle à l’idée d’être séparée de Ana. Sa possessivité détruit son état mental jusqu’à laisser son boulot et son mariage derrière elle.
En se plongeant dans le film, Gozlan détourne le côté paradisiaque en rendant les eaux obscures et les villas anxiogènes. Le beau paysage semblable au sud de la France, les maisons d’architectes, l’esthétique des lieux et les portraits sortant tout droit d’une carte postale, tous ces détails font voyager. Du moins, c’est ce qu’on peut penser de premier abord !
Le sujet de l’infidélité est vu et revu dans le domaine artistique, que ce soit dans la littérature ou dans le cinéma. Dans l’ère où les LGBTQ+ sont représentés dans des thématiques qui n’étaient pas inclusives auparavant, ce film représente la diversité des genres. S’imaginer qu’une femme peut tromper son mari avec une autre femme est moins commun dans les scénarios. Le choix du scénariste est de mettre en avant des individus de cette communauté. Certes, l’idée d’exploiter une autre facette des relations amoureuses est bonne mais ce n’est pas pour autant que le long-métrage n’a pas un sujet banal.
Beaucoup de questions créent une envie d’avoir des réponses dans ce long-métrage. Pourquoi, Estelle, prend-elle des médicaments ? Quel est le ressenti de Guillaume dans l’histoire ? Certaines visions sont-elles réelles ou non ? Le plus gros point d’interrogation du film reste les plans des méduses. Même avec deux semaines de recul, je ne trouve ni lien, ni explication. Ce manque de réponse laisse le spectateur sur sa faim.
L’intrigue se développe avec lenteur pour poser les décors et les personnages. Au fur et à mesure, cette longueur des plans perd le spectateur. Le mystère s’écoule et laisse place à un tourbillon d’informations peu utiles pour ne pas dire inutiles.
Ce film est très beau, esthétiquement parlant et vide au niveau du scénario. Pour un film de Yann Gozlan, on s’attendait à plus d’étincelles et plus de mind-blowing. On en retient cependant un travail impressionnant sur la forme mais moins sur le fond.