Walkers
La lutte d’un moine contre la société
La lutte d’un moine contre la société
Ces traductions ont été réalisées par les étudiants de la faculté des Lettres de la KU Leuven à partir des comptes-rendus rédigés par des étudiants de la même faculté. Vous trouverez en fin d’article deux liens, le premier qui vous renvoie à la version originale publiée sur Cobra et le second pour découvrir un autre point de vue du même spectacle publié sur Karoo.
Dans les caves du cinéma Galeries, coupées du monde extérieur, les courts métrages de Tsai Ming-liang sont projetés sur un mur de briques. L’endroit est plongé dans l’obscurité et le silence. Les sons de la ville sont remplacés par la bande sonore de la première projection. It’s a new dawn, it’s a new day, it’s a new life… for me. Les projections et les bougies à l’entrée de l’expo sont les seules sources de lumière qui préservent les visiteurs de l’obscurité complète. Un artiste qui veut mettre en question la cohue de la société contemporaine ne peut rêver d’un lieu mieux adapté. Ce constat est en tout cas prometteur.
Les images projetées montrent un moine rouge couvrant un mur de caractères chinois. D’autres images montrent comment il se déplace avec une lenteur exaspérante, parfois dans une métropole grise, parfois dans une ville portuaire ensoleillée et parfois dans un monde onirique blanc comme neige. Dans la dernière projection, le moine a disparu. Il reste uniquement la cohue de la ville. La première réaction du public est la curiosité, mais ce sentiment initial change rapidement. Au bout d’un certain temps, les images lentes deviennent monotones et les films ne parviennent pas à gagner l’attention des spectateurs pour l’univers de l’artiste. Quelques images magnifiques trahissent le talent plastique du Taïwanais et créent un contraste magique entre le moine rouge et la métropole contemporaine. Toutefois, ces moments se font trop rares pour pouvoir retenir l’attention du spectateur.
Les films n’atteignent pas leur but. Ils ne s’imposent pas au spectateur et ne l’incitent donc pas à réfléchir. L’expo est trop abstraite, hermétique, monotone. Tout comme les piétons dans les villes grises, le moine arrive à susciter l’attention du spectateur pendant quelques instants, mais au bout du compte, le feu de signalisation passe au vert et tout le monde dépasse le moine, sans réfléchir.
Une petite minorité s’attardera sur la cohue de la capitale en rentrant à la maison, mais cette expo se révèle probablement insignifiante pour le visiteur moyen ayant l’esprit moins philosophique.
Bram Verbist
Traduction : Marie-Eve Cosemans, étudiante du master en traduction de la KU Leuven (Campus Brussel).