Nous avons tous, bien ancré dans notre tête, le stéréotype du touriste asiatique qui photographie dans les moindres détails tout monument visitable, de préférence en figurant sur le cliché. Nous avons tous croisé, que ce soit dans un musée ou sur une Grand-Place, ces groupes de visiteurs suivant un petit drapeau bleu, caméra à la main et regards émerveillés à l’affût. Mais nous oublions parfois que ces touristes viennent en Europe en ayant eux aussi leur bagage d’idées préconçues à l’égard des Français, des Italiens, des Belges ou des Suisses. Cet agréable documentaire d’une soixantaine de minutes est l’occasion de redécouvrir sa propre société sous un autre regard, et cela a tout pour faire sourire, mais aussi parfois pour se remettre en question.

Six pays en dix jours, c’est le programme proposé à ce groupe de touristes mêlant des personnes de tous les âges le temps d’un périple européen. Cela peut sembler ambitieux, et les visites se font en effet au galop : une matinée à Rome, une après-midi à Venise, ils ont à peine goûté à l’Italie qu’ils l’ont déjà quittée. On découvre peu à peu les raisons de cette hâte. Pour la plupart, c’est un premier voyage en Europe et, qui sait, peut-être le dernier. Avoir voyagé en Europe, cela donne toujours une bonne image de soi de retour au pays natal. Les périodes de vacances en Chine sont par ailleurs trop brèves pour se permettre un séjour plus long. « Les Européens n’ont pas l’air de se précipiter. Ils travaillent cent cinquante jours, le reste est férié », s’expliquent nos touristes en se comparant sans cesse aux habitants des pays qu’ils visitent. Ces clichés qu’ils se racontent avec conviction, qu’ils soient vrais ou totalement erronés, ne manquent jamais de nous faire rire. De l’autre côté de la planète ou dans notre petite capitale bruxelloise, les gens sont tous les mêmes, et les racontars vont bon train.

Ce « film de vacances » original et un peu cocasse nous détend si bien qu’on en viendrait presque à oublier le travail colossal qu’il a dû demander. Un tel documentaire implique un tournage de jour et de nuit à un rythme fou, une prise de contact adroite avec le groupe pour l’habituer peu à peu à la caméra, une entreprise de traduction considérable, bref, cela doit être un travail sans erreur. Le spectateur se laisse aisément prendre au jeu, preuve d’un ouvrage réussi, et se délecte d’entendre que malgré les incommodités du voyage en Europe, « on se croirait dans un conte de fée ».