critique &
création culturelle
FIFF 2015
Des apaches On choisit ses amis, mais…

En lice en compétition officielle du FIFF, Des apaches est la dernière réalisation du Franco-Algérien Nassim Amaouche. En se donnant le premier rôle tout en s’appuyant sur un casting de rêve, composé notamment d’André Dussolier et de Laetitia Casta, Nassim Amaouche a tout fait pour que son long métrage sorte son épingle du jeu.

Du 2 au 9 octobre 2015, le FIFF souffle ses trente bougies. Les rédacteurs de Karoo sont présents toute la semaine pour offrir un regard sur une sélection de films. Retrouvez toutes leurs articles.

Après une ode à la gestion traditionnelle des commerces kabyles dans les régions montagneuses d’Algérie, les premiers instants du film nous invitent à suivre les tribulations d’un jeune trentenaire, qui semble errer dans un Paris plus vrai que nature. Il est clair qu’on a affaire à ce que l’on appelle prosaïquement « un mec paumé », caractéristique très répandue dans la jeunesse post-Trente Glorieuses.

S’ensuit tout un voyage, non pas géographique, car toute l’intrigue est concentrée sur les quartiers Nord de la Ville Lumière, mais plutôt historique, dans le passé de notre protagoniste, aussi bavard et expressif qu’un Mathias Schoenarts dans Rundskop . On découvre alors toute une kyrielle de choses, plutôt clichées comme un père absent qui tente de renouer le contact, ou une petite amourette avec une infirmière aux horaires plus que décalés.

Qui plus est, on suit les pérégrinations d’un jeune garçon qui vit seul avec sa mère et qui traîne dans les cafés en proposant ses services contre une escalope aux champignons ou une couque au chocolat. Il donne au récit cette touche d’innocence et d’insouciance qui caractérise les préadolescents.

Il est à noter qu’on retrouve une certaine cohérence scénaristique qui, malgré l’absence de personnages à l’émotion palpable, suit avec brio son bonhomme de chemin. Le film nous fait réfléchir à notre condition d’humain naviguant comme il peut dans une société où l’individualisme a pris le pas sur la communauté, mais où certains modes de fonctionnement archaïques, voire triviaux, permettent une certaine solidarité. Le sujet est traité en profondeur, avec une réelle envie de nous faire comprendre avec simplicité qu’il n’est pas donné à tout un chacun de concilier les différentes facettes d’une même existence.

Quand certains y verront une œuvre consensuelle et peu aboutie, nous y avons trouvé un travail de qualité, qui semble calqué sur la vie du réalisateur et traite de sujets d’actualité d’une manière poétique. Visuellement, on ressent véritablement la chaleur et la convivialité de Belleville, tout en plongeant dans l’univers froid et implacable du business intracommunautaire. Bref, Des apaches nous a envoûté à certains moments, nous a contraint à nous remettre en question à d’autres, et nous a rappelé que nous ne sommes que des êtres composés de chair et d’os qui traçons notre chemin tant bien que mal.

Des apaches

Réalisé par Nassim Amaouche
Avec Nassim Amaouche , Laetitia Casta , André Dussolier
France , 2014, 97 minutes

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