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En amont du fleuve
7 octobre 2016 par Sarah Vermeulen dans Cinéma | temps de lecture: 3 minutes
L’histoire nous embarque à bord d’un petit rafiot. Homer et Joé, la cinquantaine, remontent un fleuve en Croatie. Le bateau avance, il crée une faille dans la carapace épaisse que ces deux frères se sont forgé. Jusqu’au récent décès de leur père, ils ignoraient leur existence respective. Ils sont demi-frères. Sean, un baroudeur irlandais énigmatique et menteur, s’immiscera dans le voyage.
Ce huis clos devient angoissant à mesure que la nature reprend ses droits. Celle-ci devient menaçante par le bruit et par l’isolement. Une chose réunit Homer et Joé : leur père ou plutôt son absence. Une mort brutale, sans véritable explication, les entraîne dans des questionnements personnels, jusque-là bien enfuis. Quand l’un se réfugie dans l’alcool, l’autre écrit.
Les moments du film où l’action est enfin présente, le montage s’accélère sans crier gare, alors que les moments bien trop nombreux où le silence et la nature prédominent, le plan est « laissé coulé ». Des dialogues épurés, un rythme souvent trop lent, mais parfois trop rapide, qui nous oblige à assister aux récits en simples spectateurs. Cela nous empêche de rentrer véritablement dans l’odyssée qui nous est proposée par Marion Hänsel. On peut comparer ça au fait d’être coincé dehors durant le réveillon de fin d’année, obligé de contempler l’action par bribes, par-ci, par-là, la bouteille de champagne à la main.

Il y a évidemment une adéquation entre le propos du film et les choix de réalisation. Les spectateurs se sentent aussi perdus qu’Homer et Joé dans leur quête par ces grandes étendues d’eaux qui nous semblent interminables. Aussi déstabilisés qu’ils le sont eux-mêmes par ce soudain lien du sang avec lequel ils doivent apprendre à vivre, à cause de ce montage arythmique. Et aussi mal à l’aise qu’ils le sont quand vient le moment d’échanger deux mots avec un inconnu.
En amont du fleuve avait toutes les cartes en mains pour devenir un chef-d’œuvre. Mais il nous laisse frustrés, sur notre faim.
L'auteurSarah Vermeulen
Je m’appelle Sarah Vermeulen, je suis une jeune camerawoman de vingt ans qui rêve secrètement de faire du cinéma. Passionnée depuis toujours, et en particulier par le cinéma d’auteur, c’est…Sarah Vermeulen a rédigé 3 articles sur Karoo.
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