J’ai eu la chance d’interviewer pour Karoo Samuel Buisseret, que certains connaîtront déjà en tant que créateur de Saturday Man, ce sentaï belge (entendez par là tout ce qui va de Bioman aux Power Rangers) qui, malgré un pilote qui n’est désormais plus en ligne, a connu dans sa réalisation une vie plus que tumultueuse. Après avoir été produit puis délaissé par Ankama, ensuite par d’autres investisseurs qui se sont retirés aussi, il semblerait que l’année 2015-2016 soit enfin la bonne !

5a.PORTRAITS d'ETE_Samuel Buisseret

Quel livre emporterais-tu en vacances ?
J’aurais tendance à dire H2G2 (Le guide du voyageur intergalactique)… C’est toujours bon de garder ses bases près de soi. Je dirais aussi le roman de Myst, je ne sais pas pourquoi mais oui, le Livre d’Atrus, ça c’est très beau. Mais H2G2, c’est clair qu’il y a de la matière, tu peux le relire et le relire, il y aura toujours des choses à trouver.

À emporter vers quelle destination idéale ?
Mon bureau ! C’est l’endroit où j’aime le mieux être. Mais sinon, le Japon, j’ai une grande curiosité pour ce pays. En fait je suis un voyageur malgré moi, j’ai été dans beaucoup d’endroits mais surtout parce que l’occasion s’est présentée.

5a.PORTRAITS d'ETE_Samuel Buisseret livre

Quel film ou série retiendras-tu de la saison écoulée ?
C’est une question piège parce que l’année a été riche en très grands crus. Mon dieu, qu’est-ce qu’on en a pris dans les gencives ! Cela faisait des années que ce n’était plus arrivé. Je ne sais plus depuis quand je n’avais pas vu une telle qualité au niveau des œuvres audiovisuelles… à tel point qu’on en prend l’habitude et qu’on se retrouve à se dire « merde, je dois regarder un film normal ce soir ».
La dernière grosse claque que j’ai prise était Reality de Quentin Dupieux (aka Mister Oizoo). Je me suis réveillé en pleine nuit persuadé que j’étais dans le film (pour ceux qui l’ont vu, ça a du sens). Mais n’en retenir qu’un est impossible : Whiplash, Birdman… Quant aux séries, Mister Robot vient de commencer, Daredevil a été très surprenant… Il y en a tellement que j’en oublie, parmi lesquelles j’en ai préféré à celles que je viens de citer.

5a.PORTRAITS d'ETE_Samuel Buisseret Saturday Man 2

As-tu des projets pour la rentrée ?
Oh oui. Ce que je peux dire, parce que je n’ai pas vraiment le droit d’en parler, c’est qu’ on arrive vraiment à la conjonction d’un gros travail qui dure depuis plus de deux ans. Si ça aboutit, ne fût-ce qu’à 60 %, ce sera massif, ultra, ultra-massif. Bien évidemment autour de Saturday Man, mais dans un sens beaucoup plus large que ce qui avait initialement été prévu. Je ne peux pas en dire plus.

Comment se réveille-t-on un matin avec l’idée de Saturday Man ?
Comme je l’ai déjà expliqué, on ne se réveille pas avec l’idée de Saturday Man, on se réveille avec un début d’idée et le truc nous échappe complètement.
Je me suis réveillé un matin avec l’idée de faire un faux générique, un clip. Je voulais ensuite mettre un vrai chanteur de l’époque dessus (ndlr : Bernard Minet), puis des images, et le tout a dégénéré et est devenu ce monstre qui me possède et qui est Saturday Man.

5a.PORTRAITS d'ETE_Samuel Buisseret Saturday Man

En Belgique, il y a peu de projets de ce genre, que ce soit sur YouTube ou à la télé. D’après toi, est-ce simplement parce qu’on est un petit pays ou penses-tu qu’il y a un manque de motivation face au géant français ?
Je pense qu’il faut mettre les choses à la bonne échelle. La Wallonie et Bruxelles font à peine la taille d’une région française et il y a des régions en France qui n’ont même pas leur convention annuelle geek, qui n’ont pas de YouTubeur… Mais il y a quand même une énorme différence : en Belgique, être geek est encore terriblement tabou. Il n’y a pas encore eu le coming out geek tandis qu’en France c’est quand même très bien accepté, voire normal, ç’a acquis ses lettres de noblesse. Peut-être pas sur TF1 ou Canal + qui se rit encore très souvent des gamers mais qui se prend malgré tout un retour de flamme quand ils dépassent un peu les bornes, on l’a vu avec De Caunes récemment. Mais ce sont des business <models acquis.
Moi qui ai travaillé avec la personne qui gère Cyprien, Squeezie, etc., ces mecs-là ne parlent même pas de culture geek, ce sont juste des business models.
En Belgique, c’est à peine si on évoque le marché de niche. Ce n’est vraiment pas pris au sérieux, mais en même temps les tentatives geek pour faire naître cette culture ne sont pas très sérieuses non plus. Donc ce n’est pas vraiment la faute des institutions, quand je vois ce qui est fait entre la Belgique et la France, avec tout le respect que j’ai pour les entreprises et tout ça… tu compares le dernier bar avant la fin du monde à Paris avec ce qui se fait ici en Belgique, ça fait pas très sérieux, quoi ! Et ce n’est pas juste une question de fric. Mais c’est mon avis.

Merci beaucoup Sam pour toutes ces réponses, on espère que cette année sera celle de Saturday Man et on suivra tout ça de près !
Je t’en prie, à bientôt !