Blake/Cobain, le dos courbé, marche dans la forêt au son du craquement de ses pas sur les branches, entouré du chant des oiseaux. Il dit quelques mots, marmonne plutôt des phrases déliées dont le sens n’est pas clair. Il avance tête baissée, arrive au dessus d’un lac surplombé d’une cascade dont l’eau vient cogner la surface avec fracas, descend jusqu’au lac, se déshabille, plonge dans l’eau, fait quelques pas, manque de tomber. On le retrouve dans la nuit noire assis à côté d’un feu qui crépite ardemment ; il a le visage porté vers le haut, puis se met à crier au ciel, comme pour tenter de déceler une présence ou d’appeler quelqu’un.

À l’aube, la caméra accompagne au loin en travelling latéral la marche solitaire de Blake dans les bois. Surgit le bruit d’un train qui approche. Quelques instants plus tard, la caméra panote et le suit de dos sur le chemin qui mène à sa demeure tandis que le vent souffle à nos oreilles. Se fait alors entendre, parmi d’autres sons, un grincement de porte, le bruit assourdissant d’une moto ou d’une voiture puis le tintement répétitif de sons de cloches : un ensemble de bruits hors-champ dont la source directe est inconnue, essentiellement des sons imaginés qui surgissent de l’esprit troublé de Blake.

Une fois à l’intérieur dans la cuisine, il improvise de quoi manger et met les Kellogg’s au frigo. Le téléphone sonne. Il monte ensuite à l’étage accompagné du bruit hypnotique d’une horloge. Il s’écroule de fatigue. Il végète, erre d’une pièce à l’autre, se travestit. Le téléphone sonne à nouveau. Blake décroche, mais ne parle pas, puis raccroche. Tel un chasseur, la capuche sur la tête, il vise à la carabine deux couples d’amis-musiciens au lit. On sonne à la porte, Blake va ouvrir. Quelqu’un qui vient lui parler au sujet d’une campagne de publicité. Ils discutent un peu dans le salon, Blake est ailleurs. Peu de temps après, deux jeunes hommes sonnent à la porte. Scott, un des amis sorti du lit, descend l’escalier, le téléphone sonne à nouveau et la sonnette retentit à son tour.