Il m’est impossible, personnellement, de lire les essais « théoriques » de Burroughs sans y voir l’écho d’une autre phrase, d’un autre slogan, autrement plus connu, autrement plus ancré dans nos cultures occidentales. Les Essais sont des recueils d’articles parus dans les années 1970 et 1980 dans le magazine Esquire . B y vitupère à plusieurs reprises, laisse vagabonder sa pensée autour d’un verset célèbre de la Bible : « Au commencement était le Verbe. » Comme souvent dans ses articles, B prend au pied de la lettre — ou fait semblant de prendre au pied de la lettre — cette « vérité ». Il n’agit pas autrement, par exemple, lorsqu’il présente les « voix fantômes », « paroles » présentes sur des bandes magnétiques vierges, n’ayant jamais été utilisées, n’ayant jamais servi de support à un quelconque enregistrement. Jamais B ne remet en cause la véracité pour le moins douteuse de ces faits : ces faits, comme les multiples autres « vérités scientifiques » sur lesquelles B prend appui, étaient ses dires, lui sont utiles à transmettre ses visions singulières sur le monde. Dans la même logique, prendre au pied de la lettre le premier verset de la Bible sert merveilleusement son propos.